
Sorti le 11 septembre 2020
Depuis qu’on a entendu sa musique pour la première fois en 2018 avec son incontournable EP Bridges, c’est le coup de foudre pour San James, projet de la talentueuse Marilyse Senécal. On s’intéresse ici à son EP homonyme, qui annonçait à l’époque une surprise de taille : la chanteuse passe de l’anglais au français!
Ce n’est certainement pas la première artiste à s’être fait un nom en anglais avant de décider de se mouiller dans sa langue maternelle. On se souvient par exemple avoir apprivoisé véritablement la nouvelle approche de Debbie Tebbs dans Chrome au bout de quelques écoutes d’album. Dans le cas de San James, ça ne prend que deux chansons!
Dès Courte fête, on ressent le changement de ton de San James. Les synthés, très présents auparavant, laissent davantage de place au piano organique, aux arrangements de cordes et, bien entendu, à la douce voix de la chanteuse, bien mise de l’avant dans le mix. On la sent un peu plus vulnérable en français, mais ses textes frappent d’autant plus. Très efficace!
On a ensuite droit à l’intrus du EP – ainsi que notre coup de cœur personnel –, Les enjambées. Le morceau est particulièrement contagieux au refrain, offrant une énergie irrésistible et surtout des textes simples, mais criants de vérité. «On avance sans savoir / Pourquoi on court et après quoi / Mais sans compter nos pas / On se lance.» Si on en doutait encore, cette chanson suffit pour nous confirmer que Marilyse Senécal est aussi habile pour écrire en français qu’en anglais.
Si Les enjambées est sans contredit notre préférée de cette offrande, d’autres semblent considérer Nos corps qui se longent comme la pièce phare du EP. Et ils ont bien raison puisqu’elle est aussi excellente, offrant des sonorités berçantes qui mettent de l’avant à la fois la voix toujours envoûtante de San James et sa douce poésie. Malheureusement, la chanson parvient à faire ombrage à Petit feu, qui est dans un registre très similaire, mais qui livre pourtant un build-up plus que réussi tout au long de la piste. Le dernier mot revient à Que je ne le brise pas, essentiellement piano-voix, montrant une dernière fois la vulnérabilité de la chanteuse avec, une fois de plus, des textes qui méritent d’y prêter attention.
Le EP homonyme de San James est beaucoup plus qu’un changement de langue. Son registre a évolué depuis Bridges et on ne peut pas dire que ça nous déplaît même si on avait particulièrement adoré la direction de sa précédente offrande. Cela nous fait nous dire que peu importe le registre que décide d’adopter Marilyse Senécal dans le futur, tant qu’elle y met ses tripes, ça atteindra sa cible. C’est aussi simple que ça. Si vous avez aimé les précédentes sorties de l’artiste, n’hésitez pas trop longtemps et écoutez vite celui-ci!
Cette musique est disponible sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Les enjambées, Nos corps qui se longent
Par Olivier Dénommée
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