
Sorti le 13 octobre 2023
Presque trois ans jour pour jour après la sortie de Someone New, son premier vrai album en solo, Helena Deland lance Goodnight Summerland. Beaucoup de choses se sont passées entre les deux sorties et le son de l’artiste a aussi sensiblement évolué depuis même si on la reconnaît, notamment dans sa voix toujours aussi mélancolique.
Reconnaissons d’entrée de jeu que l’écoute de Goodnight Summerland n’a pas été difficile dans la mesure où l’album est dur à écouter (au contraire!) mais elle était un petit défi dans la mesure où l’énergie y est beaucoup plus égale d’une piste à l’autre que dans les parutions passées d’Helena Deland, rendant plus difficile de démarquer certaines chansons entre elles. Ce n’est que plus tard qu’on a lu sur le processus derrière l’album, qui aide à un peu mieux comprendre ce qu’on écoute. On y apprend que la mère de la chanteuse montréalaise est décédée pendant qu’elle travaillait sur ses chansons et que l’enregistrement a fait partie du deuil, avec des «émotions chargées de chagrin, de douleur et de vulnérabilité, partant à la rencontre profonde de l’Inconnu». On apprend aussi que le Summerland du titre est en fait la ville natale de cette artiste établie à Montréal.
Maintenant que c’est dit, la critique peut commencer. On avait beaucoup apprécié le résultat de Someone New avec des sonorités parfois éclectiques qui rendaient ses chansons mémorables. Ici, les chansons n’ont pas tout à fait la même magie. En introduction, Moon Pith est un doux morceau au piano solo, qui donne un peu le ton à ce qui va suivre. Par la suite, c’est davantage la guitare qui va prendre le relais comme instrument de prédilection, mais la douceur est décidément de mise, comme c’est le cas dans Saying Something. On est d’ailleurs plus proche du folk que de l’indie pop ici. Dans la même catégorie, incluons Bright Green Vibrant Gray (malgré quelques passages musicaux très intéressants), Roadflower, la ballade The Animals, jusqu’à la finale de l’album, Strawberry Moon, qui a quand même la bonne idée de ramener le piano pour bien boucler la boucle.
Parmi les plus réussies de ce registre, Drawbridge, avec sa mélodie et sa musique berçantes et Swimmer avec son énergie fantomatique, sont des incontournables de Goodnight Summerland.
Il serait toutefois injuste de dire que tout l’album est sur le même ton. Certaines sortent davantage du lot, notamment avec des arrangements plus garnis ou énergiques. Pensons à Spring Bug, très chantante et presque dansante, ou Who I Sound Like, une des plus déprimantes à écouter, mais aussi une de celles qui restera le plus en tête de tout l’opus, notamment grâce à sa ligne de guitare. Mention également au build-up de Night Soft as Silk, qui expérimente un peu plus avec son instrumentation, même si c’est loin d’être parmi nos préférées.
Dur de résumer notre écoute de Goodnight Summerland. Lorsque l’album est écouté en musique de fond, un peu distraitement, les chansons sonnent à peu près pareil. Nous avons cessé de compter le nombre de fois que nous nous sommes demandé «Je n’ai pas entendu cette même chanson y a 5 minutes?» alors que l’album de 38 minutes jouait les chansons dans l’ordre en boucle. L’écoute plus attentive permet de davantage apprécier les subtilités, mais c’est difficile de défaire une première impression. En tant que deuxième album faisant suite à un premier album réussi, on le juge peut-être plus sévèrement, mais reconnaissons que la plupart des chansons seront parfaites à écouter pendant les froides journées pluvieuses, un mood qu’Helena Deland maîtrise parfaitement.
Cet album peut notamment être entendus sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Spring Bug, Who I Sound Like, Swimmer
7,2/10
Par Olivier Dénommée
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