Sorti le 20 octobre 2023

Cela fait des années que l’on suit la talentueuse Emilie Kahn et que l’on s’intéresse à chacune de ses sorties. Personne n’a donc eu à nous tordre un bras pour prêter une oreille à son troisième album, Maybe, qui vient 4 ans et demi après Outro. Depuis son précédent album, Kahn a quitté Montréal pour refaire sa vie à Los Angeles, avant de changer d’idée et de revenir au Canada pour enregistrer ses nouvelles chansons en Ontario au studio maison de Jean-Philippe Levac, avec qui elle a coréalisé cette offrande.

Ceux qui connaissent Emilie Kahn se souviennent que sa harpe fait partie intégrante de ce qui la rend unique comme artiste. Avec Maybe, on lui découvre un son qui semble tout droit inspiré de la plus grande pop star de notre génération, Taylor Swift elle-même. Et ça marche drôlement bien dans plusieurs chansons, d’autant plus que les deux ont une voix assez similaire.

Sans surprise, l’album ouvre sur de la harpe avec Vision. La chanson ne dure qu’une minute, mais fond parfaitement avec la suivante, Search History, une efficace chanson sur l’obsession que Swift aurait très bien pu écrire au fil de sa prolifique carrière, à la différence que la harpe ne fait pas partie de son instrument de choix (du moins pas à notre connaissance!). Elle coche toutes les cases d’une chanson pop réussie et on ne se surprend pas de lire que la chanson est devenue virale à sa sortie en single.

La suite de l’album est tout aussi assumée : Power mise sur des arrangements plus dépouillés mettant bien de l’avant la voix de la chanteuse et sa harpe dans les couplets, mais offre un refrain plus chargé en contraste. Responsibility va davantage dans un folk lent et planant, doté d’un des refrains les plus efficaces et faciles à retenir de l’opus. La chanson de presque 4 minutes se poursuit même le temps de Baby Interlude, pour une minute supplémentaire où on peut apprécier un peu plus longtemps le refrain.

Julia revient à la pop «swiftesque», et on a droit à un autre interlude FU STOP CALLING ME, qui dit ce qu’il a à dire (en passant, chapeau à l’artiste pour faire des interludes séparés des chansons, ce qui permet d’apprécier le concept en écoutant l’album au complet, mais de ne pas «contaminer» une bonne chanson avec un élément superflu si on veut l’écouter dans une liste d’écoute). Moves y va d’un morceau plus chargé et tendu musicalement, qui tranche avec la première moitié de l’album, mais ça ne dure pas très longtemps comme Parallel revient à une légèreté planante à souhait, qui correspond mieux à l’énergie que crée jusqu’à présent l’album Maybe.

On se plonge ensuite dans le minimalisme le temps de Crying in the Pharmacie, puis de Work Is Never Done, mais pas sans garder une mélodie à la Taylor Swift dans le deuxième cas. Unsend, aussi dans la douceur, partage cette caractéristique. Puis Sunday Afternoon nous offre une chanson planante avec la harpe qui vole rapidement la vedette. La dernière piste de l’album, Endless, reste finalement dans le même registre, mais pas sans une mélodie qui rappelle vous-savez-qui.

Dans le dossier de presse présentant l’album Maybe, on cite des similarités avec des artistes comme Arlo Parks, Olivia Rodrigo, Lana Del Rey et Clairo, mais aucune n’est aussi évidente dès la première écoute que Taylor Swift. Ce n’est évidemment pas un crime, mais ça rend difficile de départager les bonnes tounes parce que ce sont de bonnes tounes et celles qui sont bonns parce qu’elles reproduisent bien l’énergie d’une toune de Taylor Swift. Ajoutons qu’elle est particulièrement active, lançant très régulièrement du nouveau matériel, alors le créneau «chansons à écouter en attendant de la nouvelle musique de Taytay» est limité pour le moment. Ne boudez évidemment pas votre plaisir d’écouter cet album, mais soyez prêts à entendre beaucoup, beaucoup de similitudes au fil de l’écoute de 43 minutes!

L’album est notamment disponible sur la page Bandcamp d’Emilie Kahn.

À écouter : Search History, Responsibility, Unsend

7,3/10

Par Olivier Dénommée