Fuck: The Album – Ricky Butcher

Sorti le 27 novembre 2020

Comment résumer l’année 2020 en un mot? Ricky Butcher (du groupe rock humoristique Sons of Butcher) a proposé le mot «fuck» et beaucoup seraient probablement d’accord avec lui! Son deuxième album solo, très justement intitulé Fuck: The Album, voue un culte à ce mot de quatre lettres qui est devenu un véritable incontournable.

Malgré son statut d’album, on ne parle ici que d’un opus très bref de 18 minutes (malgré la présence de 20 pistes, dont plusieurs sketchs). Le mot d’ordre est, vous l’aurez compris, de dire «fuck» à toutes les occasions, ce qui n’est pas très loin de l’état d’esprit général de Sons of Butcher.

La première piste, Big Fuckin’ Welcome, nous fait quelques promesses, dont une «listening experience» à travers cet album qui se veut une «célébration du mot». Finalement, après un petit débat entre Ricky Butcher et son bassiste Doug Borski, on nous ressert finalement Fuck the Shit 2020, le grand classique de SOB remontant à son premier album en version légèrement remaniée.

Malgré le clin d’œil nostalgique, on avait envie d’entendre du nouveau matériel. On est servis avec Fuck the Album (qui annonce la mort du format CD), Song of 1000 Fucks (qui fait exactement ce à quoi on s’attend d’elle), l’intense Holy Fucking Fuck, Fuck Your Mom (un sujet classique qui ne vieillit vraisemblablement jamais), Fuck the Dollarstore (chantée exceptionnellement par Doug Borski), Fuckjective, Sweet Fuckin’ Solo (qui porte très bien son nom), Calm the Fuck Down (qui a un message qu’on devrait prendre au sérieux malgré le propos humoristique), Fuck You (dur de croire que cela aura pris 17 pistes pour arriver à celle-ci!) et Fuck Off.

À noter que Fuck Off est précédée de la piste la plus longue de tout l’album (3min49), intitulée Trying to Fuck Off, littéralement le groupe qui essaie sans succès de démarrer la fameuse chanson. Après autant de tentatives, les attentes sont élevées pour la vraie version, mais celle-ci ne se démarque pas particulièrement du lot dans cette mer de chansons faisant l’éloge du «fuck». On comprend l’idée, mais difficile de nier notre petite déception.

L’ambiance générale de Fuck: The Album est une suite de très courtes chansons (aucune ne dépasse les 2 minutes) qui vont droit au but, ne nous laissant guère le temps de bâtir un attachement particulier avec elles avant qu’elles ne s’achèvent et passent déjà à la suivante. Dans un monde où les auditeurs n’ont pas beaucoup de temps de concentration, on comprend l’idée, mais ça aurait quand même bénéficié d’un tantinet plus de peaufinage pour sortir du carcan très limitant d’«album comique» qu’on écoutera 2 ou 3 fois avant de passer à autre chose. C’est dommage parce que Ricky Butcher sait composer d’excellentes chansons (on se souvient de son Eight Year Solo) qui restent en tête.

Fuck: The Album vaut bien une bonne écoute ou deux, mais on risque de se dire «fuck off» plutôt que de vouloir l’écouter en boucle, à moins d’être dans ce mood très particulier bien sûr… ce qui n’est pas impossible quand on regarde à quel point ça va bien dans le monde ces temps-ci.

Cet album est disponible sur la page Bandcamp de Ricky Butcher.

À écouter : Fuck the Shit 2020, Fuck Your Mom, Calm the Fuck Down

5,9/10

Par Olivier Dénommée


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