CHRONIQUE : Odéi et Marc-Antoine (et Étienne) célèbrent Noël en grand

Odéi Bilodeau, Marc-Antoine d’Aragon et Étienne Génier. Photo : Olivier Dénommée

Par Olivier Dénommée

La neige n’est pas encore bien installée au sol, du moins pas partout, mais l’esprit du temps des fêtes, lui, est bel et bien arrivé. On a eu la chance d’assister à notre premier spectacle de Noël de l’année, le 30 novembre dernier. C’était à la Maison Villebon de Belœil, un endroit aussi magnifique qu’intime, qui accueillait pour l’occasion le duo vocal Odéi et Marc-Antoine, deux chanteurs lyriques (Odéi Bilodeau, soprano et Marc-Antoine d’Aragon, baryton) qui avaient pour mission de faire revivre les plus beaux souvenirs des fêtes au public à travers leur concert Souvenirs de Noël. Ils étaient accompagnés du pianiste Étienne Génier.

En à peine plus d’une heure, le duo vocal est parvenu à interpréter une vingtaine de chansons, pour la plupart des incontournables des fêtes et des succès intemporels, mais aussi quelques morceaux moins connus ou qui résonnent davantage avec un public plus âgé. La formule annoncée, deux voix et un piano (ou un orgue, lorsque le concert est interprété dans une église), est assez simple, mais on a réussi à nous surprendre lorsque le pianiste s’est joint à plusieurs reprises aux deux chanteurs pour créer des harmonies à 3 voix. Étienne Génier, qui ne s’est joint au projet que dans les dernières semaines, n’est absolument pas chanteur (bien qu’il ait de l’expérience dans des chorales) et n’a certainement pas la même assurance que ses comparses qui poussent chaque note avec conviction, mais il s’est drôlement bien défendu et a apporté une couleur supplémentaire aux chansons. Pour un projet appelé Odéi et Marc-Antoine, on lui a accordé beaucoup d’espace (oui lui a aussi laissé jouer une pièce en solo, permettant du même coup aux deux chanteurs de souffler un moment), même s’il ne s’est pas exprimé sur ses souvenir des fêtes comme les autres l’ont fait.

Car le concert n’était pas qu’une succession rapide de chants de Noël : les deux chanteurs ont tour à tour parlé pour raconter leurs propres souvenirs et anecdotes des fêtes souvent liés aux chansons, remontant bien souvent à leur enfance et s’étendant maintenant à leur petite famille respective. Et à voir les yeux tantôt pétillants, tantôt en larmes de l’assistance, on pouvait constater qu’Odéi et Marc-Antoine n’étaient pas les seuls à garder de précieux souvenirs des fêtes en famille. À la fin de la représentation, plusieurs ont aussi pris le temps de les remercier de les avoir fait revivre leurs plus beaux moments de Noël. C’est aussi un peu ça, leur «paie», confient d’ailleurs les deux chanteurs lyriques, qui ont confirmé que rien de ce qui était partagé durant le concert n’était exagéré : ils trippent sur Noël pour vrai de vrai, et il faut dire que ça paraît!

Musicalement, on essaie d’offrir quelque chose qui n’est pas une copie des autres concerts de musique de Noël. Ça reste tout un défi dans la mesure où tout le monde a fait sa version au fil des années et qu’elles finissent bien souvent par ressembler d’une façon ou d’une autre, mais on parvient à sortir des sentiers battus à plusieurs occasions même si on n’a ici «que» deux chanteurs et un pianiste. Par exemple, Carols of the Bells a surpris par sa version à trois voix très ludique. Évidemment, les grands incontournables étaient de la partie et la portion où le public a applaudi le plus fort est après le fameux Ave Maria de Schubert (chanté avec intensité par Odéi Bilodeau), puis Minuit, chrétiens (où c’est Marc-Antoine d’Aragon qui a davantage pris les devants).

Comme tout bon chanteur lyrique de formation, ils ont habilement navigué à travers différentes langues au fil de l’interprétation des pièces. Il y avait bien sûr beaucoup de français et plusieurs chansons en anglais, mais aussi du latin, langue populaire pour les vieux chants religieux, et même une portion en allemand dans Dans une étable obscure (que l’on ne connaissait pas avant, d’ailleurs). On apprécie les spectacles où on n’opte pas automatiquement pour la simplicité et où on se permet de mélanger différentes versions pour créer quelque chose qui va peut-être légèrement sortir les auditeurs de ce qu’ils connaissent, même si jamais on n’a senti que les musiciens n’ont perdu leur public lorsqu’ils ont osé.

Ce n’est pas dans notre ADN d’écouter de la musique de Noël en novembre (même si on s’entend que le 30 novembre est pas mal proche de décembre!), mais il faut dire que c’est quelque chose qui vaut le détour, particulièrement pour ceux qui ont envie d’une bonne dose de nostalgie et qui apprécient à la fois le chant lyrique et la proximité avec les chanteurs, même si on se doute qu’il sera difficile d’être aussi proche d’eux qu’à la Maison Villebon!

Petite tournée québécoise

Notons que le spectacle à Belœil n’est que le premier d’une petite tournée québécoise, avec 5 dates supplémentaires, dont une à la salle Claude-Léveillée de la Place des Arts. Avis aux amateurs de chants de Noël, faites vite pour vous procurer des billets près de chez vous en visitant le site du duo.


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