
Sorti le 18 octobre 2007
Au fil des années, on a écrit sur beaucoup d’excellents pianistes, certains plus connus que d’autres, et on se demande constamment si on va un jour réussir à faire le tour de toute la liste. La réponse logique est non, et on le pense de plus en plus depuis qu’on a découvert (avec certainement beaucoup de retard vu sa discographie) le compositeur et pianiste norvégien Ola Gjeilo dont ce qui semble être le premier album est paru en 2007. Stone Rose n’est toutefois pas qu’un album de piano, puisqu’on peut aussi y entendre d’autres instruments : violon, violoncelle et bugle (qu’on appelle plus communément flugelhorn) sur quelques pistes. Quant au style, on pourrait dire qu’il est au carrefour du classique, du jazz et de la musique populaire.
Le destin aura voulu qu’on commence à écouter cet album alors que les températures hivernales et la neige venaient de s’installer dans notre coin de pays. C’est une très bonne chose dans la mesure où cet album, de par sa pochette quelque peu froide et l’énergie de plusieurs pièces, ressemble drôlement un album d’hiver.
Si ce n’était pas assez, la première piste de l’album s’intitule Snow in New York. À travers le piano d’Ola Gjeilo, on s’imagine les flocons tomber, d’abord tout doucement mais rapidement avec plus de force, de même que le vent qui se met de la partie. Dans la dernière portion de la pièce, on sent le tout plus feutré, comme si on observait les éléments de la fenêtre, confortablement au chaud. Ce n’était probablement pas exactement ça que le pianiste avait en tête, mais c’est l’effet que ça nous fait, en tout cas! Notons qu’ici, la magie a opéré sans autre instrument, nous rassurant que les arrangements plus élaborés qui vont suivre ne sont pas qu’une béquille pour compenser pour des compositions moins solides.
S’ensuit North Country, autre morceau très inspiré au piano solo, qui laisse place à une douce mélancolie. Notons que la pièce fera un retour en version pimpée beaucoup plus tard dans l’album : North Country II est presque doublée en durée et incorpore d’autres instruments pour ajouter à son effet. Les subtiles lignes de cordes ne peuvent qu’aider à l’énergie et la mélodie de flugelhorn lui donne un côté plus solennel. C’est le morceau le plus long de l’opus (5min13, ce qui donne une idée de sa capacité à aller à l’essentiel dans plusieurs pistes), mais il ne contient aucune longueur et on en aurait même redemandé un peu plus!
Retournons à l’ordre dans l’album : Michelle est une pièce beaucoup plus énergique que les précédentes, ce qui surprend un peu mais qui n’est pas complètement champ gauche non plus, et The Line y va d’un piano jazz très réussi et bien amené. The Hudson est la première qui chronologiquement permet d’entendre des cordes pour appuyer l’énergie du piano, sans toutefois sortir des sentiers battus.
Au début, Roxbury Park semble être une pièce légère qui va passer rapidement et sans faire trop de vagues, mais elle cache une montée très réussie qu’on peut vraiment commencer à apprécier après la première minute. S’ensuit la pièce-titre Stone Rose, très lente et minimaliste et où il ne se passe pas grand-chose. C’est toujours ironique quand un artiste donne comme nom d’album le titre de sa moins bonne pièce et c’est malheureusement ce qui se passe ici!
January (tiens, encore un titre hivernal) suit avec pièce plutôt sereine, qu’on écoute volontiers en fermant les yeux. Quant à Sidewalks, on se perd dans nos pensées avec cette pièce introspective mettant en vedette le violoncelle. La brève Manhattan regagne en vigueur alors qu’April y va d’un morceau très léger, mais pas aussi minimaliste que Stone Rose, disons! Et Madison fait du bien avec un morceau qui inspiré qui laisse de nouveau place aux cordes.
On arrive dans le dernier droit de l’album avec Sienna, très berçante et lyrique, North Country II (dont on a déjà parlé plus haut) et, en conclusion, Serenity. Comme le nom l’indique, on a droit à un morceau plutôt zen, lent et méditatif… du moins jusqu’à ce que le flugelhorn se mette de la partie! Cela reste une belle composition, mais on s’entend que cet instrument change instantanément le ton de la pièce qui aurait pu se terminer de façon bien différente.
L’album Stone Rose est assez long, 51 minutes pour 15 pistes, mais parvient à comporter très peu de moments faibles. Tout s’écoute sans effort, et ça nous semble encore plus vrai pendant la saison froide. On sait qu’Ola Gjeilo a une discographie bien garnie, mais on peut dire qu’il savait où il s’en allait assez tôt dans sa carrière. On tâchera de garder en tête ce nom pour l’avenir!
À écouter : Snow in New York, The Line, North Country II
8,0/10
Par Olivier Dénommée
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