Chrysalism – Milk & Bone

Sorti le 28 octobre 2022

La pandémie de COVID-19 aura eu des effets bien différents sur les musiciens. Certains en ont profité pour créer comme jamais, mais d’autres ont fait une pause plus ou moins forcée. Le duo montréalais Milk & Bone fait partie de la deuxième catégorie. Les filles avaient lancé leur 2e album, Deception Bay, en 2018, puis le EP Dive l’année suivante, mais ça s’est vite calmé par la suite, si bien qu’il aura fallu attendre à octobre 2022 pour un 3e long jeu, Chrysalism, qui assume davantage son côté pop, sans bien sûr sacrifier les synthés, qui font partie de l’ADN du groupe.

Les filles de Milk & Bone aiment les images sombres, comme en témoigne la pochette, mais la musique est à différents moments pas mal plus énergiques, voire énergisants, qu’à ce à quoi on a été habitués et ce n’est pas déplaisant. Les percussions bien présentes y sont d’ailleurs pour beaucoup.

Après une intro d’un peu moins d’une minute, Bigger Love nous montre ce qu’elle a vraiment dans le ventre, et c’est très efficace. Elle est suivie d’autres morceaux entraînants et réussis comme Borders et Movies. On change un peu d’énergie dans la première partie de dans Whirlpool, avec quelque chose de plus tendu, mais aussi très chargé vocalement. Le beat revient ensuite à quelque chose de plus près des chansons précédentes, mais l’effet n’est pas tout à fait le même.

Time Alone y va de mélodies un peu plus aiguës que nécessaire, donnant un côté plus juvénile à la piste, ce qui accroche un peu. Cela contibue à rendre Piggyback particulièrement bienvenue, elle qui revient à au registre le plus efficace qu’a à offrir Milk & Bone. La suivante, Green Dot, sort encore un peu du moule avec une énergie moins éclatante, mais les solides refrains suffisent presque à la rendre mémorable. On peut presque dire la même chose de 20MGs, qui propose un refrain particulièrement puissant dans une chanson autrement pas aussi éclatante.

On ne sait pas trop quoi dire au sujet d’Object of Fun, qui nous laisse croire pendant quelques secondes à une autre chanson comme Time Alone (avec les mêmes voix que l’on n’apprécie guère), pour finalement revenir dans un registre plus énergique qu’on apprécie généralement dans cet album, mais qui n’a pas le même effet cette fois. Il est vrai que cela fait déjà plusieurs chansons dans la même lignée qu’on entend, et qu’elles ne peuvent pas tout toucher leur cible de façon aussi efficace. De son côté, Sour se défend bien dans un registre plus «minimaliste» (à défaut d’un meilleur mot), quoique les passages plus intenses n’étaient pas nécessaires ici. A Little Better Every Time le comprend bien et offre une chanson émotive du début à la fin, sans mauvaise surprise.

On sent la fatigue de fin d’album arriver avec City Girls, qui ne fait rien de mal outre ne pas être mémorable malgré de bonnes idées. Elle mène à la finale, Worst Year of My Life, qui commence de façon assez banale pour créer un subtil build-up qui prend tout son sens après 1min20. Ce n’est pas assez pour la rendre aussi forte que les premières chansons de l’opus, mais ça permet de conclure Chrysalism avec force.

Comment résumer cet album? Le début était très prometteur et on a beaucoup aimé les premières pistes, mais Milk & Bone n’a probablement pas voulu se contenter de livrer une même énergie tout le long et a joué avec différentes énergies, ce qui a eu comme par le passé des effets mitigés. On aurait certainement coupé certaines chansons et recentré l’énergie de certaines pistes qui tranchent trop avec la vibe du reste de l’album. On est donc encore loin de la force de Little Mourning, mais on quand même a eu droit à de belles surprises qui valent le détour et il serait malhonnête de prétendre le contraire. Cela mérite bien quelques écoutes si ce n’est pas déjà fait.

Cet album est notamment disponible sur la page Bandcamp du duo.

À écouter : Bigger Love, Green Dot, A Little Better Every Time

7,5/10

Par Olivier Dénommée


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