
Sorti le 15 mars 2024
Le projet musical LiY (pour Live into Yours) est composé de trois personnes de théâtre tous basés à différents endroits : Christian Lapointe (région de Québec), Simon Stephens (Londres) et Laurence Dauphinais (Montréal). Malgré la distance, ils ont créé ensemble leur premier album, Songs for Telescope, qui n’offre pas tout à fait de la musique facile d’approche.
Parmi les inspirations du groupe, on note Portishead, Austra, The Knife, Spiritualized, Brutal Truth, PJ Harvey et Björk, plusieurs artistes qui ne font pas dans la simplicité. Le nom du groupe fait référence à une citation retrouvée sur le disque d’or envoyé dans l’espace en 1977 et le titre du bref album (32 minutes) semble aussi dans cette lignée avec une musique électronique tendue, pleine d’incertitude. La pochette aussi ne fait qu’ajouter à cette ambiance.
La première piste, Don’t Look Back, résume bien le voyage auquel on nous convie. C’est lourd et angoissant, et la chanteuse Laurence Dauphinais s’assure d’accentuer ce sentiment. La première chanson sert tout de suite à savoir si vous avez envie d’aller plus loin dans votre écoute. On doit dire que notre première écoute a été la plus difficile, mais qu’après quelques fois, on parvient à apprivoiser certaines subtilités et apprécier les moments plus «agréables» dans la chanson, notamment vers la barre des 2 minutes.
Elle est suivie du premier extrait, Never Wanted, qui prend presque des airs électro-pop, mais sans perdre la lourdeur qui est toujours bien installée. C’est plutôt dans Gimme Your Hand que l’on peut respirer un peu, même si c’est de courte durée! Après une introduction sur laquelle on a quelques réserves, Round and Round nous offre aussi quelques bons moments musicaux. On a aussi droit à quelque chose de très dansant avec Take Me Back to the Room.
A Song for James Webb se taille aussi une place parmi les chansons plus réussies de l’album, avec seul bémol la portion centrale parlée sur une voix robotique plus lugubre que nécessaire. Quand on réussit à passer par-dessus ça, on peut apprécier la qualité de sa construction. Elle est suivie de See the Sky Burn, qui est presque planante au début pour devenir de plus en plus antémique au fil de la chanson.
Malgré son titre, It’s Gonna Be Alright revient en force avec la musique lourde et angoissante! On ne comprend toutefois pas trop la direction de la dernière minute de la piste, qui s’en va complètement ailleurs. L’expérience se conclut avec His Cool Hair, morceau plus atmosphérique et une conclusion parfaite après un album intense comme celui-ci. Constatons au passage que si le début de l’album est très dur à digérer, il devient graduellement plus facile à écouter à mesure qu’on avance, laissant place à un peu plus de nuances au fil de notre écoute, sans jamais tomber dans la facilité, bien sûr!
On le répète, mais Songs for Telescope n’est absolument pas un album léger à écouter distraitement. Il demande un certain investissement auquel nous n’étions pas prêt lorqu’on a décidé de l’écouter pour la première fois, ne sachant pas dans quoi on s’embarquait! On sent que LiY tenait à créer quelque chose de niché, adressé aux connaisseurs avant tout. Ce ne sont pas tous les musiciens qui veulent créer quelque chose de grand public et on devine qu’avec leur background, ils ont aussi voulu créer quelque chose de plus «théâtral» avec cette musique. D’ailleurs, on se demande si le groupe pourra concrètement faire vivre sa musique sur scène dans le futur. Ce n’est pas inintéressant et le talent est bien au rendez-vous, mais le résultat ne s’adresse au final qu’à très peu de gens car on devine que peu auront la persévérance d’aller jusqu’au bout de l’expérience.
À écouter : Take Me Back to the Room, A Song for James Webb, See the Sky Burn
7,0/10
Par Olivier Dénommée
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