Mimi – Corridor

Sorti le 26 avril 2024

À l’automne 2019 paraissait Junior, album du groupe montréalais Corridor qui n’avait aucune idée de ce qui s’en venait quelques mois plus tard. Une pandémie et des rêves brisés plus tard (incluant d’importantes tournées annulées), le groupe propose une 4e album, intitulé Mimi – du nom du chat du chanteur, bien que la face de chat laid sur la pochette n’est pas l’animal en question – qui se veut une référence à cette désillusion causée par les déceptions des dernières années, mais aussi la vie en général alors que 4 ans et demie ont passé depuis Junior.

Le temps a passé, oui, mais le son n’a pas tant changé : ça ne prend qu’une fraction de seconde pour reconnaître le style bien particulier de Corridor. Le groupe ne voulait pourtant pas faire un «Junior numéro 2», mais les similitudes sont difficiles à ignorer. Notons quand même la présence d’un peu plus d’éléments électroniques ici et là qui ajoutent à l’énergie indie-rock du bref opus. Corridor affirme aussi avoir livré son album le plus doux à date, mais on se permet d’avoir un petit doute alors que certaines chansons ne correspondent pas tout à fait à cette description!

Prenons la première chanson, Phase IV. Cette piste de 5 minutes offre des passages très doux et planants, limite répétitifs, mais aussi des petits passages plus grinçants. Cela donne des impressions de collage alors qu’on change de vibe à quelques reprises sans trop être prévenu d’avance. On retrouve vite le Corridor plus «traditionnel» dans Mon argent, mais on retiendra davantage la suivante, l’énergique (de même que psychédélique et un peu chaotique) Jump Cut, poussant l’énergie à un autre niveau. D’ailleurs, bon coup de la faire suivre de la très mollo Caméra, accentuant les différentes entre les chansons, même si ultimement la chanson n’est pas la plus mémorable du lot.

Chenil se tient aussi dans un registre plutôt doux et planant, loin d’être désagréable, suivie de la rétro Porte ouverte, aussi très réussie. Mais l’œuvre phare de l’album est probablement Mourir demain, puissante composition ironiquement inspirée du magasinage de l’assurance-vie du chanteur. Parfois ça ne prend pas grand-chose pour créer quelque chose qui amène sa musique ailleurs! Ici, on a droit à de petites montagnes russes avec des passages très percussifs et d’autres beaucoup plus doux, et une fin électronique plus chaotique. On n’est jamais fan d’une telle fin de chanson, mais dans le contexte, ça se défend. La finale de l’album Mimi, Pellicule, surprend par son côté presque ensoleillé, mais sa longueur constitue aussi son principal défaut, lui qui s’étire à près de 6 minutes.

Les fins observateurs remarqueront que la critique est bien courte pour un album complet, mais il y a somme toute bien peu de choses à dire si on connaît moindrement Corridor : c’est un album fidèle à lui-même, qui, malgré ses prétentions, demeure extrêmement similaire à l’expérience que nous a offert Junior en 2019. Notre critique pourrait se résumer ainsi : si vous avez aimé ou détesté le précédent album, Mimi ne vous fera pas changer d’avis. La seule chose qu’on pourrait dire est qu’il y a peut-être un peu moins de chansons qui sortent véritablement du lot ici et que c’est donc une expérience qui prend son sens dans le cadre de l’album plutôt que des chansons vraiment fortes que les amateurs voudront écouter en boucle. C’est toujours risqué à l’ère du streaming et des playlists, mais c’est un choix artistique qui se défend et que Corridor semble pleinement assumer.

Il est possible de trouver cet album sur la page Bandcamp du groupe.

À écouter : Jump Cut, Chenil, Mourir demain

7,6/10

Par Olivier Dénommée


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