Darkroom – Ghostly Kisses

Sorti le 17 mai 2024

Depuis qu’on suit religieusement la musique de Ghostly Kisses, on essaie de se tenir le plus à jour possible sur ses nouvelles sorties. Son deuxième album complet, Darkroom, est vite passé sur notre radar et il était impensable qu’on ne s’y penche pas. Surtout, on avait hâte de voir la direction qu’elle prendrait après son Heaven, Wait qui misait un peu trop sur les beats électroniques à notre goût. Malheureusement pour certains, elle continue dans cette nouvelle direction.

Comme plusieurs, on est tombé en amour avec la voix éthérée de Margaux Sauvé, un véritable plaisir à écouter encore et encore, mais la musique avait aussi sa propre magie, notamment le piano toujours très approprié de Louis-Étienne Santais. La magie a bien opéré dans les différents EP que Ghostly Kisses a proposés au fil des années (avec en tête le sublime Never Let Me Go), mais on va ailleurs depuis son premier album. La voix demeure magnifique, mais la musique ne fait pas tout à fait le même effet. Pourtant, ce n’est même pas que les chansons de Darkroom sont mauvaises, mais on les apprécierait beaucoup plus si ce n’était pas Ghostly Kisses qui les interprétait. Notons aussi le thème de l’album, basé dans plusieurs cas sur des lettres reçues dans la «Box of Secrets», une boîte aux lettres dans laquelle les fans de Ghostly Kisses étaient invités à écrire, servant d’inspirations pour l’écriture des chansons.

Notre écoute débute avec There’s No More Space. Il s’en passe des choses en 4 minutes, avec des arrangements de cordes rêveurs et des chants choraux en arrière-plan pour appuyer la chanteuse, mais on ne peut s’empêcher de trouver que les percussions auraient pu être plus discrètes ici. La chanson comme un peu le remix qu’un artiste hip-hop aurait fait. Ensuite, Keep It Real y va d’un morceau sombre et lourd, presque industriel dans son énergie. Le résultat est somme toute intéressant, bien que la voix de la chanteuse n’est pas autant mis en valeur qu’on aurait voulu.

Le groupe s’est amusé à expérimenter avec des sons rappelant les années 90 et 2000 dans Golden Eyes, un son qu’on ne pensait pas associer avec une voix comme celle de Margaux Sauvé. C’est étrange, mais après quelques écoutes, on finit par apprivoiser son énergie, même si on sent que les beats prennent juste un peu trop de place encore (c’est vraiment un commentaire récurrent pour cet album, malheureusement). Dans le cas de Lonesome Hero, on joue avec les contrastes, passant du très dépouillé au plus chargé, sans toutefois nous ramener au niveau de ses meilleures chansons passées. Et malgré les efforts de livrer une contagieuse chanson dansante et pleine d’espoir, on oublie rapidement Ocean. Mais malgré son côté chargé, Calm Down touche beaucoup plus à sa cible, particulièrement durant les refrains. Plus mid-tempo, On & Off se prend aussi très bien, avec juste assez de groove pour ne pas perdre les belles mélodies de la chanteuse.

Silver Screen est une piste relativement courte, mais elle contient son lot d’ambiances. On passe d’une ballade rétro à ses sonorités plus près du trip-hop sans que ce soit forcé. Mais la voix peine quelque peu à se démarquer ici. S’ensuit la très chargée Crimson (notamment avec les synthés qui imitent le son d’un orgue), qui surprend par son intensité. Cela tranche grandement avec Within, beaucoup moins surchargée, mais avec une bonne dose de «magie» dans les arrangements, bien que ceux-ci ne nous convainquent pas autant qu’on aurait voulu. On revient ensuite à un morceau dansant avec Beneath the Clouds, qui fera taper du pied, mais sans plus.

Et à la toute fin de cet album trop percussif à notre goût, Ghostly Kisses nous ramène un peu à ses racines avec Carousel, une chanson post-breakup, possiblement une des spécialités du groupe. Le beat est toujours présent, mais il arrive beaucoup plus tard et se fait plus discret, ce qui permet d’apprécier les qualités mélodiques de la chanson. Si davantage de chansons avaient été construites comme celle-ci, on aurait eu beaucoup plus de bons mots pour Darkroom!

Car voilà, on ne sait pas trop ce qui pousse ce changement de direction, mais les beats sont souvent trop présents dans le mix, donnant l’impression qu’on a affaire à de la musique de club plus qu’à de la musique introspective et fantomatique dont Ghostly Kisses a longtemps eu le secret. Il est possible que le groupe avait simplement envie d’essayer autre chose, mais chaque fois qu’il nous donne un petit bonbon comme Carousel, on se dit que le «vieux» son qu’on aimait tant n’est pas encore complètement mort. Pour le moment, on est quand même obligé de dire que vous apprécierez probablement plus l’album si vous ne connaissez rien de Ghostly Kisses que si vous avez aimé les EP pré-Heaven, Wait. Dans notre cas, ça aura pris de longues écoutes pour arriver à digérer la plupart des chansons, alors que jadis on a connu des coups de cœur instantanés.

À écouter : Calm Down, On & Off, Carousel

7,2/10

Par Olivier Dénommée


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