Chronology: A Jazz Tribute to Chrono Trigger – The OC Jazz Collective

Sorti le 22 août 2016

Il y a très longtemps que l’on s’est penché sur la musique du mythique jeu Chrono Trigger, qui a vu le jour en 1995. Peut-être par élan de nostalgie, on a voulu y retourner pour découvrir un album jazz lui rendant hommage. Le titre parle de lui-même : Chronology: A Jazz Tribute to Chrono Trigger, et c’est interprété par The OC Jazz Collective, vraisemblablement des musiciens un peu geek qui veulent répandre leur amour de la musique de jeux au plus grand nombre.

Évidemment, il est beaucoup plus facile de faire un bon arrangement avec du matériel de base solide, ce qui est le cas avec la musique signée par Yasunori Mitsuda et Nobuo Uematsu, mais reprendre des thèmes intemporels (pardonnez le jeu de mots) peut parfois poser son lot de défis. Mais The OC Collective, avec Dylan Wiest en tête, arrive à trouver le bon équilibre entre le respect des thèmes et leur contexte initial et le nouvel enrobage jazz qu’il propose.

L’album s’écoute essentiellement en ordre chronologique des époques abordées dans le jeu, à commencer par 65 millions d’années avant notre ère avec Way Before the Day Before Yesterday, basé sur plusieurs des musiques du jeu. L’intro est volontairement chaotique, mais après la première minute, on entend la véritable énergie de la pièce. On apprécie la présence de véritables musiciens, un luxe que tous n’ont pas, mais après avoir lu dans le dossier parlant de cet album que cette pièce est arrivée à la toute dernière minute, on ne peut s’empêcher de reconnaître qu’il manque un peu plus de finesse que plus loin dans l’album. Cela reste une entrée en matière intéressante, mais rien qui reste vraiment en tête.

Surtout que la suivante, Triggernometry, frappe vraiment fort : la seule interprétée par le Triplepoint Trio (autre groupe dont fait partie le vibraphoniste du OC Collective, Doug Perry), ce morceau va d’arrangements beaucoup plus feutrés et avec comme instrument central le vibraphone, donnant une toute autre énergie à ce thème puissant. La pièce laisse aussi place à d’excellents solos dans la tradition jazz. Même si la piste dure pratiquement 7min30, elle ne laisse place à aucune longueur. Vraiment, chapeau au trio et bon flash au producteur de l’album de l’inclure!

De retour au OC Collective avec Time’s Seal, sympathique morceau qui joue légèrement avec la longueur des mesures, créant parfois une petite confusion à l’oreille si on est attentif. Si on ne savait pas que c’était de la musique de jeu, on jurerait que c’est un standard de jazz tellement les musiciens font sentir que c’est naturel à jouer! S’ensuit Neuga, Ziena, Zieber, Zom…, exploitant la dualité entre la lourdeur de la composition originale et son sens de la mélodie pourtant bien présente. Les nuances sont aussi bien amenées, avec plusieurs passages étonnamment doux. Le principal bémol se trouve à la fin, alors que l’arrangeur n’était pas trop sûr de comment conclure. Ça semble un peu forcé ici! Au contraire, Dream of Green est un petit bijou bon du début à la fin, avec une petite vibe reggae (ou acid jazz, selon Dylan Wiest) qui se prend drôlement bien.

Fight or Flight est aussi réussie qu’étourdissante à suivre, mais donne un résultat jazzy très intéressant avec une des pièces les plus facilement reconnaissables de la bande sonore. Mais le groupe s’est donné tout un défi avec When Hell Freezes Over, tentant de jazzer une musique beaucoup moins forte du jeu. Ça s’écoute bien, mais on ne retiendra pas cette piste en particulier. Cela nous mène déjà la conclusion de l’album, Driftwood, avec une belle énergie de big band, même si on ne parle «que» de 8 musiciens. S’il y avait quelque chose à dire, ce serait encore au sujet de la fin, qui semble arriver soudainement, sans trop de préparation. Décidément!

Chronology: A Jazz Tribute to Chrono Trigger ne manque pas de bons éléments, respectant à la fois l’essence des pièces originales et l’enrobage jazz que The OC Jazz Collective a décidé de lui donner. Malgré quelques petites faiblesses, notamment vers la fin de certaines pistes, on doit dire que c’est inspirant de voir des gens consacrer autant d’énergie pour faire quelque chose de cette qualité, sans même espérer faire de l’argent avec ça. Le collectif a beaucoup d’autres albums à son actif, et il est fort probable qu’on s’y penche un de ces jours, quand on aura un autre désir de nostalgie!

Pour les curieux, il est possible de télécharger l’album gratuitement ici.

À écouter : Triggernometry, Dream of Green, Fight or Flight

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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