Unessential Oils – Unessential Oils

Sorti le 31 mai 2024

Le projet Unessential Oils, du musicien Warren Spicer (de Plants and Animals), a vu le jour récemment et a lancé son premier album homonyme. Selon les informations transmises, l’album est inspiré du jazz, du folk et du mouvement tropicália brésilien (dont on ignorait l’existence avant de faire la recherche sur ce que c’était) et fait appel à plusieurs musiciens vétérans de la scène montréalaise pour arriver à concrétiser ce projet assez audacieux.

Audacieux parce qu’Unessential Oils ne fait pas particulièrement dans la musique radiophonique et qu’il aime nous bousculer un peu. Spicer n’a pas la prétention de faire de la musique cérébrale, mais plutôt de la musique émotionnelle, où chaque musicien va vraiment mettre sa couleur, créant aussi son lot de surprises.

Après un START de 8 secondes, on passe tout de suite à la chanson-phare de l’album, Distrust the Magician. Les paroles, résumant notre scepticisme face à un tour de magie, sont en fait très mineures dans cette piste essentiellement instrumentale avec une ambiance entre jazz et musique latine. Il y a bien quelques passages plus corsés, mais c’est étrangement efficace, il faut l’admettre. Si la voix du chanteur vous dérange ici, vous n’apprécierez certainement pas Chameleon, où Warren Spicer se fait beaucoup plus vocal. Pourtant, il n’est pas un mauvais chanteur si on se fie à ce qu’il a enregistré avec Plants and Animals, mais ici il se donne une voix plaintive qui ne rend pas tout à fait justice à la musique. Et malgré nos critiques, le refrain de la chanson est impeccable. La piste s’enchaîne avec Solutions to My Gloom, morceau très chill plein de bons éléments, mais qui est un peu inégal.

Suds nous surprend avec une chanson beaucoup plus brève, qui frappe surtout fort pendant les refrains. On ne pensait pas dire ça d’un des morceaux les plus courts de l’opus, mais les 30 dernières secondaires auraient tout de même pu être coupées pour garder le tout plus efficace et concis. Quant à Which Way Will the Sun Set Now?, on se demande pendant de longues minutes où ça s’en va. La réponse courte est «nulle part», notamment à cause de la musique répétitive et du noise qui rend la musique encore moins agréable dans la dernière minute et des poussières. Puis, dans Don’t Go to Bed When You’re Mad, on ne fait pas que nous livrer un sage conseil, on nous offre une musique très douce qui s’écoute sans trop d’efforts, passant ensuite à Overwhelmed and Unprepared, jouant aux montagnes russes entre différentes énergies, avec plusieurs passages très solides, mais autres superflus. Si la plupart des fins de chansons nous convainquent plus ou moins sur cet album, on doit dire que la fin de celle-ci est parmi les moments forts, avec un beau crescendo en intensité.

Cela nous mène à Nic at the Museum, une référence directe à Nicolas Basque, autre membre de Plants and Animals, qui a l’habitude quand il visite une nouvelle ville pour un spectacle de se lever tôt pour aller visiter un musée avant de préparer la performance. Le clin d’œil est sympathique, et certains passages sont réussis, mais comme ça prend presque la moitié de la toune pour commencer à lever, c’est trop peu trop tard à notre avis. S’ensuit la très jazzée BraBra, offrant un mélange intéressant entre des passages étranges et tendus et des envolées jazz atmosphériques (et une petite touche de The Doors, il nous semble). Si elle nous laissait tiède durant les premières écoutes, on y a tranquillement pris goût! Et l’album se conclut sur un autre morceau atmosphérique, simplement intitulé END, qui poursuit essentiellement ce que BraBra avait entamé.

En consultant le dossier de presse, on a été surpris de constater que les pièces d’Unessential Oils ont été enregistrées à la fois à Montréal et au Brésil. Cela a peut-être un peu teinté la vibe de certaines d’entre elles, mais quoi qu’il en soit ce premier album d’Unessential Oils va dans des directions surprenantes à plusieurs reprises, pour le meilleur et pour le pire. Ce n’est pas le genre d’album qui s’apprécie en une seule écoute : il dure 44 minutes, mais prévoyez au moins 2 ou 3 bonnes écoutes pour pouvoir vous faire une tête. De notre côté, on n’écouterait pas ça sur une base régulière, mais c’est un album équilibré entre une musique inspirée et une sortie de sa zone de confort.

À écouter : Distrust the Magician, Chameleon, BraBra

7,4/10

Par Olivier Dénommée


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