Tíu – Of Monsters and Men

Sorti le 10 juin 2022

Presque 5 ans se sont écoulés depuis le dernier album studio du groupe islansdais Of Monsters and Men, qui a frappé fort à ses débuts avec My Head Is an Animal, mais qui semble être tombé dans l’oubli après son 3e album Fever Dream. D’ailleurs, dans les années qui ont suivi, le groupe a consacré plus d’énergie à souligner les 10 ans de son premier album qu’à composer de la nouvelle musique. Il a quand même lancé une série de nouvelles chansons dans un EP paru en 2022, intitulé Tíu, qui est aussi le titre d’un documentaire célébrant les 10 ans de l’album qui a tout lancé.

Sans dire que Fever Dream était une catastrophe, c’était de loin le moins bon matériel qu’avait enregistré Of Monsters and Men. Le groupe a essayé d’aller ailleurs, et ça a donné ce résultat. C’est pourquoi on est heureux de retrouver un son familier dans Tíu, qui a fait la renommée du groupe par le passé.

À peu près tous les ingrédients sont là dans Visitor : on retrouve avec plaisir la voix de Nanna Bryndís Hilmarsdóttir, appuyée par celle de Ragnar Þórhallsson, le tout sur une musique folk rock simple mais drôlement efficace. On ne demande rien de plus, vraiment. Elle est suivie de This Happiness, misant sur le côté plus mélancolique du groupe (qu’on a beaucoup apprécié dans son deuxième album Beneath the Skin). Le dosage est somme toute bon, si on oublie le segment saturé vers la fin qui ne sert qu’à rendre les dernières secondes encore plus douces.

Lonely Weather y va d’une formule piano-voix (nous rappelant Organs en moins poignant), du moins pendant la première minute et demie, avant d’incorporer davantage d’instruments, allant complètement ailleurs vers la moitié de la piste. On passe tout d’un coup à quelque chose de très épique et percussif et si le changement nous laissait perplexe au début, il faut dire que la chanson est beaucoup plus efficace dans la deuxième moitié que la première. Enfin, Destroyer tente aussi le truc de commencer très doux pour mieux nous exploser dans les oreilles, s’amusant avec les intensités tout au long de la piste. C’est sûr bien toujours efficace, même si l’effet de surprise est moins fort à ce stade-ci.

Il reste en fait une dernière chanson à ce mini-album : This Happiness – The Saddest Version. Il s’agit exactement de ce que ça vend, une version encore plus mélancolique de cette chanson, réduite à une version très simple et acoustique, qui a toutefois le désavantage de perdre un peu le build-up qui faisait le charme de la version originale.

On ne sait pas exactement si c’est par nostalgie ou parce que les chansons sont vraiment meilleures que le précédent album, mais Tíu fait du bien à entendre et nous redonne espoir en un éventuel «retour aux sources» pour Of Monsters and Men. Un EP de 20 minutes est trop court après 3 ans (et c’est encore pire quand on sait que 2 ans plus tard on n’a rien de neuf à se mettre sous la dent non plus), mais cette sortie nous rassure sur le fait que le groupe est encore capable de nous faire plaisir.

À écouter : Visitor, Lonely Weather

7,7/10

Par Olivier Dénommée


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