
Sorti le 30 mars 2010
L’album Les Chemins de verre, le 4e du groupe rock québécois Karkwa, est considéré par plusieurs comme étant non seulement le meilleur du groupe, mais également un des meilleurs albums parus au Québec, voire au Canada. 14 ans plus tard, alors que le groupe fait un retour sur scène après une longue pause, qu’en reste-t-il? On a (enfin) décidé de s’y pencher après avoir été très peu impressionné par son nouvel album, Dans la seconde.
Déjà, l’album ouvre en force avec Le Pyromane, un single aussi solide dans la progression que dans les mélodies mémorables, qui restent instantanément en tête. C’est juste assez étourdissant pour qu’on reste alerte tout le long de la chanson sans jamais tomber dans l’excès. Et même si L’acouphène n’a jamais été un extrait, il offre un rock inspiré presque du même niveau que Le Pyromane, ce qui n’est pas rien.
Moi-Léger est spéciale dans la mesure où elle commence de façon très feutrée en piano-voix, auxquels s’ajoutent tranquillement d’autres instruments pour exploser dans la dernière minute. Une tellement montée ne réinvente évidemment rien, mais ça reste assez efficace. Elle est suivie de l’extrait Marie tu pleures, une des chansons les plus reconnaissables de l’album, même si elle n’a pas la finesse de certaines autres pistes.
Après des chansons aussi fortes, la plus lourde Le bon sens ne punche certainement pas autant. Même la chanson-titre (et premier single de l’album) Les Chemins de verre nous laisse des sentiments partagés, alors qu’il contient certainement des passages inspirés et entraînants, mais sans atteindre le niveau de ce qu’on a entendu jusqu’à présent. C’est bien là le défaut d’enchaîner des chansons incontournables en début d’album, ça augmente automatiquement les attentes (et bien souvent les déceptions) pour la suite!
On commence la 2e moitié de l’opus avec Dors dans mon sang, long et lent morceau avec très peu de paroles, misant plutôt que l’ambiance créée. C’est plutôt réussi, même si on pense que ça aurait pu être fait dans un morceau au moins une minute plus courte. Elle est suivie de la chaotique La piqûre, qui ne nous convainc pas tout à fait, et de Les enfants de Beyrouth, beaucoup plus nuancée. On passe rapidement sur Au-dessus de la tête de Lilijune pour mieux arriver à 28 jours, revenant à une efficace formule piano-voix au début, mais se dotant d’un puissant build-up un peu avant le milieu de la chanson. C’est plutôt efficace! L’album se conclut la plus longue chanson du lot, Le vrai bonheur, y allant davantage dans le côté expérimental. On aurait certainement préféré quelque chose qui reste davantage en tête pour avoir le dernier mot, mais on ne peut se surprendre de cette conclusion.
En écoutant l’album Les Chemins de verre, on comprend assez facilement pourquoi il a aussi bonne réputation : l’équilibre demeure très bon entre les chansons accessibles et les plus corsées (même si on aurait un peu mieux réparti le matériel plutôt que d’à peu près tout mettre dans la première moitié, ce qui influence notre note) et plusieurs chansons ont très bien vieilli. On n’écouterait pas l’album en boucle sur une base régulière, mais il y a quelque chose de très jouissif de mettre cette musique dans le tapis pendant un voyage en auto. Ça nous aura pris 14 ans pour le reconnaître, mais mieux vaut tard que jamais.
Vous pourrez notamment retrouver cet album sur la page Bandcamp du groupe.
À écouter : Le Pyromane, L’acouphène, 28 jours
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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