Harbour – Christine Jensen Jazz Orchestra

Sorti le 28 juin 2024

Cela faisait un moment déjà que l’on ne s’était pas penché sur la musique de Christine Jensen, compositrice et saxophoniste de jazz bien connue sur la scène montréalaise et à l’échelle canadienne. Avec son nouvel album Harbour, elle revient avec son Jazz Orchestra d’une vingtaine de musiciens, donnant vie à ses nouvelles compositions de la dernière décennie.

«J’ai choisi le titre Harbour parce que j’y vois un abri sur l’eau, un arrêt avant les nouvelles migrations terrestres qui suivent. Cet ensemble, composé de membres de ma famille et d’amis, représente ce sentiment pour moi, car nous avons tous traversé des périodes de turbulences afin d’atterrir ensemble à la fin de la pièce, là où ma musique peut prendre son envol», affirme notamment Christine Jensen au sujet de cet album. Rappelons que Harbour est le 3e album pour le Christine Jensen Jazz Orchestra, arrivant plus de 10 ans après son album Habitat. Mais même si les années ont passé entre les sorties, on reconnaît immédiatement sa signature : des arrangements très bien enrobés, priorisant la musicalité de l’ensemble plutôt que les effets éclatants d’un ou deux musiciens qui volent la vedette. Jensen a toujours su très bien s’entourer de musiciens talentueux, autant de Montréal que de New-York, qui ont tous su prendre la place qui leur revenait. Notons au passage la participation remarquée de sa sœur, la trompettiste Ingrid Jensen.

L’album ouvre sur sa pièce la plus longue, dépassant les 12 minutes : Passing Lion’s Gate est un peu longue a démarrer, mais elle prend le temps de bien créer les ambiances voulues pour nous faire voyager. Tout au long de la pièce, les cuivres sont particulièrement efficaces et les solos de différents instrumentistes valent le détour, bien qu’on ne peut s’empêcher de penser que l’enregistrement aurait pu être raccourci d’une minute ou deux pour rendre le tout encore plus punché. La suivante, Swirlaround, porte parfaitement son nom, offrant un bel équilibre entre une musique assez douce et envoûtante et des solos vertigineux (celui de guitare par Steve Raegele est particulièrement mémorable!).

Wink nous amène en montagnes russes, commençant de façon très feutrée avant de passer à quelque chose de beaucoup plus nerveux. On changera d’énergie à quelques autres reprises au fil de notre écoute, si bien qu’on peine à résumer cette pièce d’une dizaine de minutes si ce n’est que de dire que c’est un habile condensé de tout dont sont capables Christine Jensen et son orchestre. C’est aussi efficace que c’est étourdissant! Plus douce sans être ennuyante, Surge se prend ainsi très bien juste après. Quant à la pièce-titre Harbour, elle a ses airs très solennels dans les 2 premières minutes, mettant bien de l’avant la beauté des brass, mais comme la piste dure plus de 11 minutes, on comprend qu’on s’en va rapidement vers quelque chose qui bouge davantage, donnant une fois de plus résultats intéressants.

Cascadian Fragments est un des morceaux plus mystérieux de cet album, du moins au début, passant après 3 minutes à quelque chose de beaucoup plus chantant, mais qui sort un peu moins de l’ordinaire par rapport au reste de l’opus. Enfin, l’album se conclut sur sa plus courte pièce (5 minutes, quand même), Fantasy on Blue. Bien qu’on apprécie son format plus «standard», la pièce se démarque aussi un peu moins du lot, ce qui peut aussi s’expliquer par une certaine fatigue de notre part à la fin de cette écoute de 67 minutes pour seulement 7 pistes. Tout de même, on ne pourra pas dire que le Christine Jensen Jazz Orchestra n’a pas été généreux avec cet album!

Avec Harbour, Christine Jensen et ses musiciens ne réinventent rien, mais ils maîtrisent toujours très bien ce qu’ils font. Ceux qui ont écouté et apprécié Habitat et Treelines par le passé n’ont pas à hésiter un instant pour écouter celui-ci, qui est dans la même lignée, et qui risque aussi se retrouver à quelques reprises en nomination, ce qui sera parfaitement mérité!

À écouter : Swirlaround, Wink, Surge

7,8/10

Par Olivier Dénommée


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