
Sorti le 31 juillet 2020
Deux ans après la sortie de son premier album Baby Teeth, le groupe ontarien Dizzy revenait en force avec une nouvelle proposition, son 2e album The Sun and Her Scorch. En force, car l’album est solide et assumé dans sa direction, ce qui se prend très bien.
Dans Baby Teeth (qui a malgré tout gagné un Juno), on lui reprochait de ne pas avoir bien trouvé sa direction. Plus récemment, on a aussi écouté Dizzy, le 3e album homonyme, qui comportait à la fois des chansons excellentes et des pistes très bof, dimunuant quelque peu sa moyenne. Mais, dans The Sun and Her Scorch, les qualités sont beaucoup plus uniformes.
Ceci étant dit, l’album démarre un peu lentement avec Worms, essentiellement une introduction de 2 minutes. Elle n’est quand même pas désagréable et sert à nous mettre dans le mood en vue du reste de l’album, mais on peut aussi la sauter sans conséquence grave. C’est vraiment à Sunflower, d’ailleurs le premier extrait de l’album, que ça commence, avec une pop alternative offrant un bon équilibre entre les passages légers et ceux qui rentrent davantage au poste. Ça devient un peu plus chaotique vers la fin, mais l’effet demeure réussi. Cela ajoute même au contraste avec l’enlevante Good and Right qui suit. Sans être la chanson la plus éclatante de l’opus, elle est parmi celles qui mettent le mieux de l’avant la voix de Katie Munshaw.
The Magician est un autre extrait tiré de l’album, avec une énergie qui n’est pas tout à fait sans nous rappeler certaines mélodies de Of Monsters and Men (on pense surtout à l’album Beneath the Skin ici), quoiqu’on est loin de la déprime du groupe islandais ici! Elle est suivie d’une autre excellente chanson, Beatrice, y allant d’un morceau plus doux et vulnérable, mais pas sans un petit build-up très réussi. Le bout un peu moins réussi est le segment «Movin’ on», mais comme c’est bien amené, ce n’est pas assez pour gâcher l’ensemble de la chanson. Roman Candles est un autre morceau mémorable de l’album, mais pour une toute autre raison : elle aurait aisément pu être écrite et chantée par Taylor Swift, alors qu’on découvre à quel point la voix de la chanteuse peut s’en rapprocher, surtout quand elle livre des mélodies comme celle-ci. On a donc des sentiments partagés parce que c’est assez solide, mais on sent que ce n’est pas à sa place ici!
Après une série de chansons fortes, Lefty peine un peu plus à se démarquer, du moins dans les 2 premières minutes, après quoi elle gagne en intensité, lui donnant un nouveau souffle pour la fin, même si ça arrive un petit peu trop tard pour se tailler une place parmi les incontournables. Elle est suivie de la ballade Primrose Hill, livrant certaines des mélodies les plus touchantes et les textes les plus sincères de l’album. Un peu comme dans Beatrice, on a un moment de trop, cette fois le segment «Anywhere you go, I’ll be there to dote»… Mais une fois de plus, c’est rattrapé de belle façon, cette fois avec un petit crescendo plutôt solennel avec des percussions et des cordes.
De retour à une dream pop plus conventionnelle, Daylight Savings Time nous berce efficacement, mais sans grande surprise. Puis, Ten revient avec succès à la formule de la ballade; ironiquement, c’est le build-up de la dernière minute qui gâche un peu la sauce, lui qui change complètement l’énergie de la chanson. Et l’album se termine sur Worms II, se concluant à peu près comme il a commencé. On ne comprend pas trop pourquoi Dizzy n’en a pas fait une chanson complète alors que les 2 parties totalisent tout près de 4 minutes de toute façon, mais c’est la vie!
Même si on trouve plusieurs choix artistiques douteux ici et là, l’album The Sun and Her Scorch demeure, selon nous, l’offrande la plus consistante de Dizzy à ce jour, ce qui fait qu’il s’écoute sans grand effort, 4 ans après sa sortie. On n’a pas regardé qui l’a battu aux prix Juno, mais il nous semble évident que cet album aurait davantage mérité le prix que Baby Teeth 2 ans auparavant, et qu’il mérite d’être écouté par davantage de gens en général.
L’album est notamment accessible sur la page Bandcamp du groupe.
À écouter : The Magician, Beatrice, Primrose Hill
8,1/10
Par Olivier Dénommée
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