
Sorti le 13 juillet 2024
On ne savait essentiellement rien du projet Zebedee avant de tomber par hasard sur l’album Seizure, mais il s’agit du musicien Parker Murray, de l’Île-du-Prince-Édouard, qui vient de lancer son 2e album avec comme instrument de prédilection la basse piccolo (une basse accordée plus aiguë).
Les premières écoutes de cet album ont été quelque peu incertaines sur ce que faisait Zebedee comme musique : c’est assurément très bluesy, mais il y a un côté tellement nonchalant à sa musique qu’il n’a pas l’air très sérieux. Mais on a fini par lui trouver des similarités avec la musique de Patrick Lac, musicien indépendant trop peu connu, et c’est depuis plus facile d’écouter les chansons de Zebedee pour ce qu’elles sont, en acceptant leur côté parfois brouillon qui fait partie de l’expérience.
L’album ouvre avec Workin’ on Happy – Studio Version, chanson qui résume plutôt bien ce qu’on entendra au fil de l’opus de 57 minutes : des gros riffs entre blues et indie rock, une voix pas la plus mélodieuse mais qui se tient dans un registre qui respecte ses limitations et quelques petites ornementations dans les arrangements pour lui donner un côté plus sympathique. Comme mentionné plus haut, les premières écoutes n’ont pas été les plus plaisantes pour nous et il est aussi très possible que vous vous disiez que vous n’avez pas l’intention de vous taper près d’une heure de cette musique. Mais, dans notre cas, donner la chance au coureur aura permis d’apprivoiser cette attitude plus «slack» qui, au fond, se défend aussi. Mentionnons maintenant que c’est la version studio de la chanson qui revient en conclusion d’album : Workin’ on Happy – Home Recording est encore plus «garage» et même un peu plus longue, ce qui n’est évidemment pas pour tous, mais qui peut se défendre lorsqu’on est dans le bon état d’esprit. Personnellement, on s’en tient toutefois avec la version studio, un peu mieux ficelée.
Le reste de l’album ne manque pas de bons coups, si on pense à Brown Eyes, capable de livrer un blues émotif tout en restant fidèle à son énergie, ou encore à Over You, reprenant les particularités de Workin’ on Happy tout en allant plus droit au but. Malgré son titre, To Impress ne nous impressionne pas particulièrement, mais DayDream laisse place à une chanson folk plus légère et somme toute plutôt réussie.
RoseBud tente une chanson minimaliste émotive, mais il sembler d’un ingrédient ou deux pour la rendre mémorable. On a des commentaires similaires pour Dear Dani, dont la mélodie est très ordinaire, mais qui en vient au moins à bonifier les arrangements un peu avant la moitié de la chanson, ce qui permet de se concentrer sur autre chose. La chanson est toutefois trop longue, alors qu’elle aurait pu naturellement se terminer à 2 reprises avant de véritablement le faire après un peu plus de 5 minutes… Au premier abord, Friend tombe un peu dans la même catégorie, mais elle est mieux construite que les précédentes et atteint mieux sa cible.
Milk + Honey nous ramène vers le blues, et ce, de bien belle façon. Puddles est toutefois à oublier, mais Dead Man Walking contient des passages beaucoup plus inspirés, même si la chanson durant près de 6 minutes a aussi des longueurs et ses moments plus faibles. Deliver Me From Evil est au contraire parmi les morceaux les plus brefs, mais se défend extrêmement bien une fois qu’on a coupé les segments inutiles au début à la fin de la chanson. Enfin, Pity Me offre un long début plaintif pour mieux exploser en une chanson rock énergique et saturée et alterner entre les 2 extrêmes. L’idée n’est pas mauvaise en soi, mais elle ne nous convainc pas spécifiquement. Comme mentionné plus haut, la conclusion de l’album revient à Workin’ on Happy – Home Recording, alors nul besoin de le mentionner à nouveau.
Seizure de Zebedee est vraiment un album étrange dans la mesure où on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre d’une chanson à l’autre. Ce n’est absolument pas un album passe-partout et on serait bien embêté de vous suggérer un bon contexte pour l’écouter. Il n’était pas désagréable dans l’auto, mais on imagine qu’il peut vite devenir déplaisant à écouter si le trajet ne se passe pas aussi bien que prévu! Dans tous les cas, on n’est pas déçu de lui avoir donné une chance au-delà de la première écoute, et on ne peut que vous conseiller de faire de même, au cas où vous tombiez sur des petites pépites brutes.
À écouter : Brown Eyes, DayDream, Milk + Honey
7,1/10
Par Olivier Dénommée
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