
Sorti le 7 février 2024
Si jamais vous trouviez qu’on ne parlait pas assez de musique de jeux vidéo récemment, bonne nouvelle : on s’intéresse aujourd’hui à un album-concept à la fois comique et très sérieux, soit l’album Triple Seven: Seven FFVII Arrangements for Seven Cellos, arrangé par Gabriel Jafet. Le contenu est évidemment sérieux, alors qu’on reprend certains morceaux iconiques d’une des bandes sonores les plus iconiques existant dans l’univers du jeu vidéo, soit Final Fantasy VII. Mais avouez que c’est drôle d’en arriver à Triple Seven parce qu’on enregistre 7 pistes (trichant un peu en faisant notamment une suite durant plus de 25 minutes!) et qu’on les joue uniquement avec 7 violoncelles. On a été habitué avec Apocalyptica à entendre jusqu’à 4 violoncelles jouer en même temps, mais on pousse vraiment le concept ici, bien qu’il est rare qu’on entende 7 choses différentes en même temps. Cela reste un clin d’œil sympathique.
Même si on ne joue «que» 7 pistes, l’exercice dure tout de même 77 minutes (on ne croit plus aux coïncidences…). C’est donc un album très chargé que nous propose Gabriel Jafet, un nom qui nous était complètement étranger, et ses musiciens. L’exercice commence avec l’incontournable Opening, reprise à toutes les sauces au fil des années. Celle-ci est un peu plus sombre que la moyenne au début, ce qui s’explique par un manque de diversité dans les instruments, mais on s’habitue assez rapidement à cet arrangement, même si cette version perd le côté percussif de l’original (et de la plupart des versions, en fait).
En revanche, les violoncelles sont parfaitement à leur place dans Lockhart, livrant des arrangements sentis, quoiqu’un peu surchargés par moments. Commentaire similaire pour World, morceau incontournable, mais dont les arrangements respirent de façon inégale avec des bouts vraiment impeccables et d’autres où on peine à se concentrer. Notons que la piste est aussi beaucoup plus longue, approchant de la barre des 10 minutes. On aurait préféré quelque chose d’un peu plus bref, mais le défi de n’enregistrer que 7 pistes a certainement contribué à fusionner des bouts de pièces. On fait sensiblement la même chose avec Lily, avec des bouts à l’origine beaucoup plus légers, ici alourdis par les violoncelles. Heureusement, la partie la plus belle (celle du thème d’Aerith, incorporé dans cet arrangement) est restée intacte.
Au début, Reunion se démarque assez peu des autres versions entendues, mais elle devient plus intéressante après la barre des 7 minutes. S’ensuit Mother, peu agréable au début, mais se reprenant un peu par la suite, sans tout à fait sortir du lot, mis à part dans le choix des pièces incorporées dans la piste de 11 minutes. S’il y a bien des passages très réussis (dont des thèmes de combats), on ne peut s’empêcher d’y trouver quelques longueurs.
Le dernier mot de cet album revient à Memory Suite, prenant à lui seul le tiers de cet opus! Sans surprise, il y a plusieurs pièces reprises en une seule, dont la plus connue, One Winged Angel, qui arrive approximativement dans le dernier quart. Le travail d’arrangement est impressionnant, mais on ne peut s’empêcher de trouver que Gabriel Jafet en a beurré trop épais ici! En même temps, on ne peut pas dire qu’il ne conclut pas cet album avec force.
Que retenir de Triple Seven: Seven FFVII Arrangements for Seven Cellos? Sur papier, l’idée est excellente, mais l’exécution est quelque peu inégale. La partie qui accroche probablement le plus est la présence de 7 violoncelles et rien d’autre. Ça a probablement amené Gabriel Jafet à bourrer ses arrangements pour tout inclure, mais comme on a affaire au même instrument, il y a des limites à ce qu’on peut faire sans que ça devienne chaotique. Si on avait à changer quelque chose au concept, on aurait donc laissé tomber le nombre de violoncelles pour un autre genre d’ensemble de chambre à 7 musiciens, comme un quatuor à cordes, un pianiste, un percussionniste et peut-être un guitariste par exemple, afin de donner un autre souffle aux arrangements. Malgré tout, cet album transpire la nostalgie et il serait malhonnête de notre part de dire qu’on n’a pas eu de plaisir à l’écouter. On pense seulement qu’il aurait pu être encore mieux exécuté!
À écouter : Lockhart, Lily, Reunion
7,4/10
Par Olivier Dénommée
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