
Sorti le 14 janvier 2022
Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas écouté la musique de Bonobo (alias Simon Green), et on a décidé de remédier à la situation en écoutant son plus récent album complet, Fragments, paru au tout début de 2022. Lorsqu’il a annoncé l’album, l’artiste britannique a fait savoir qu’il s’agissait de son «enregistrement le plus intense émotivement» à ce jour, ce qui n’est pas peu dire puisqu’il s’agit déjà de son 7e album.
Bon, avouons-le d’entrée de jeu, ce commentaire sur l’album nous a fait rire pour 2 raisons : la première, parce que c’est cliché à l’extrême de dire que notre nouvel album est plus profond que tous les autres précédents et surtout rarement vrai; la deuxième, parce que Bonobo fait dans une musique electronica très chill et dansante, donc pas une musique où on va en profondeur dans les émotions. Mais on a volontiers laissé la chance à Bonobo de nous faire mentir avec son album de 51 minutes bien comptées.
La première piste, l’instrumentale Polyghost, met de l’avant le talent du multi-instrumentiste Miguel Atwood-Ferguson et nous surprend avec une ambiance empreinte de mystère, qui pourrait mettre la table à la suite. La pièce est toutefois très courte (même pas 2 minutes), et la suivante, Shadows, va complètement ailleurs. On revient ainsi à de la musique de club (et des sonorités rappelant la musique de Stranger Things), mais avec Jordan Rakei à la voix. À la lecture des textes, on comprend qu’il y a une certaine recherche de profondeur, mais, selon nous, l’énergie de la toune ne colle pas à ce qui est chanté. La chanson est suivi du premier extrait de l’album, la contagieuse Rosewood, et de la plus longue piste de l’opus, Otomo (en collaboration avec le producteur O’Flynn), contenant plusieurs segments dansants, mais aussi quelques longueurs au passage.
Tides met de l’avant la chanteuse Jamila Woods, apportant une bonne dose de douceur, mais aussi un côté un peu plus tourmenté dans certains passages, ce qui donne un résultat somme toute assez réussi. Mentionnons tout de même que la dernière minute de la chanson est un peu surperflue et aurait pu être drastiquement raccourcie; sans être désagréable, la finale de cordes est trop différente du reste de la chanson! La suivante, Elysian, revient à l’instrumental avec un morceau planant à souhait qui aurait pu aisément imaginer comme la musique d’ambiance d’une ville volante dans un jeu vidéo, puis Closer nous ramène sur la piste de danse. Age of Phase est aussi plutôt énergique, mais un tantinet trop chargée à notre goût à certains passages.
Bonobo fait appel à Joji pour sa chanson From You. Cela donne un résultat très doux et planant, mais sans être exceptionnel. La pièce instrumentale Counterpart joue avec 2 ambiances complètement différentes au début et à la fin de la piste; la seconde nous convainc toutefois un peu moins malgré un build-up bien amené. Sapien ne manque pas de beat, mais ne reste pas outre mesure en tête, et nous mène ainsi à la finale de l’album Fragments, Day by Day. C’est ainsi la chanteuse Kadhja Bonet qui a le dernier mot avec sa voix suave sur une chanson downtempo dont Bonobo a le secret, mais qui n’a pas la force de de qu’on a déjà entendu par le passé de sa part.
Est-ce qu’on se sent ébranlé par l’écoute de Fragments? Malheureusement, on oublie assez vite les paroles plus sombres lorsqu’elles passent et on tape volontiers du pied quand les chansons s’y prêtent. À ce jour, on peine encore à entendre du Bonobo qui frappe plus fort que son album The North Borders et instinctivement on continue de comparer tout ce qu’il fait avec cette sortie de 2013. L’album contient du bon matériel, mais on n’irait pas jusqu’à dire qu’il s’agit de sa meilleure sortie, loin de là, même si l’album s’écoute extrêmement bien du début à la fin.
Cet album est notamment disponible sur la page Bandcamp de Bonobo.
À écouter : Shadows, Tides, Elysian
7,6/10
Par Olivier Dénommée
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