
Par Olivier Dénommée
Il est rare que je m’engage à aller voir un spectacle autant à l’avance, mais cela faisait plus de 10 mois que j’avais des billets pour aller voir la pianiste Alexandra Stréliski défendre les pièce de son troisième album, Néo-Romance, paru l’année dernière. Le hasard a voulu que ce soit au Centre des arts Juliette-Lassonde de Saint-Hyacinthe le 13 septembre, la veille de la 100e représentation de sa tournée qui a voyagé bien sûr à travers le Québec, mais aussi en Europe et aux États-Unis et qui doit prendre fin dans les prochains mois.
J’avais eu la chance de la voir en spectacle en 2019, faisant suite à l’immense succès de son album Inscape, et à l’époque il était possible de voir une artiste bourrée de talent, mais plutôt timide. L’humour était une évidente porte de sortie lors de ses interactions avec son public, mais c’était derrière son piano qu’elle prenait toute son assurance. Déjà 5 ans ont passé, mais Alexandra Stréliski n’a pas changé, et c’est tant mieux : combien ont fini par prendre la grosse tête après avoir accumulé les honneurs et les prix? Elle est toujours restée simple et modeste, et son humour était plus rafraîchissant que jamais.
Le spectacle était un vendredi 13; ça lui a permis de se souhaiter à quelques reprises que tout se passe bien durant le concert, sinon le spectacle était somme toute bien huilé. Le décor était assez simple (une projection d’une peinture de la Renaissance en arrière-plan une partie du spectacle, puis une forêt), l’équilibre entre les pièces du nouvel album et ses incontournables passés était assez bien respecté, les morceaux alternaient entre le piano solo et une formule allant jusqu’au quatuor – trois musiciennes jouant du violon, de l’alto et du violoncelle accompagnaient la pianiste à divers moments – et Alexandra Stréliski prenait systématiquement le temps de parler après 2 ou 3 pièces, histoire de garder le tout plus interactif. Mention spéciale à un petit clin d’œil qu’elle a fait sur les propos récents de Donald Trump voulant que les immigrants à Springfield, Ohio mangent les animaux de compagnie de leurs voisins! Il n’y a franchement pas grand-chose qu’elle aurait pu faire pour améliorer davantage le flow du spectacle, mais le contraire aurait été étonnant en fin de tournée!
Il avait été annoncé que le spectacle durerait environ 75 minutes, sans entracte. Ça passe évidemment beaucoup trop vite quand on se laisse envoûter par sa musique, même si elle a débordé de quelques minutes! Plusieurs compositions s’appréciaient parfaitement les yeux fermés, ce qui en a peut-être amené certains dans la salle à s’assoupir. La pianiste elle-même a avoué qu’elle était sur le point de s’endormir sur une pièce en particulier où elle entrait vraiment dans sa bulle, mais que le public a réussi à la déranger assez pour que ça n’arrive pas!
Car c’est là que le titre de ce texte entre en scène : il y avait une fâcheuse habitude pour certains membres de l’assistance de tousser fort, souvent, et à des moments où l’ambiance est tellement feutrée que ça ne peut faire autrement que gâcher le moment. J’étais moi-même en train de combattre un petit fond de grippe, mais à aucun moment je n’ai toussé au milieu d’une pièce émotive : les périodes d’applaudissement auraient dû être des moments parfaits pour tousser en toute discrétion, or dans presque chaque pièce, on a eu à endurer une ou des quintes de toux dans les 5 premières secondes. À un certain moment, c’était presque comme une chorale avec des membres à travers toute la salle qui s’alternaient sur une base quasi régulière. Heureusement, la pianiste a traité le tout avec humour et s’est bien souvent contentée de tourner la tête après avoir entendu quelqu’un se cracher les poumons de l’autre bout de la salle même si, il faut l’admettre, c’était au mieux désagréable et au pire inquiétant parce qu’il demeure possible d’être contagieux et d’infecter des personnes vulnérables (qui, on ne se le cachera pas, sont surreprésentées dans la plupart de nos salles de spectacles) en toussant de la sorte. Ça m’a amené à imaginer une nouvelle marchandise promotionnelle qui devrait faire un tabac à ses spectacles : des pastilles pour la toux à son nom. Je propose les HALLexandra, à tout hasard.
Quoi qu’il en soit, le spectacle vaut largement la chandelle et j’espère simplement être tombé sur une salle plus bruyante que la normale. Notez tout de même qu’il ne reste plus beaucoup d’occasions de la voir avant la fin de la tournée Néo-Romance. Je crois qu’on est plusieurs à souhaiter que la fin de la tournée lui permettra de retourner en studio plus tôt que tard.
Les prochaines dates de tournée d’Alexandra Stréliski sont ici.
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