Sorti le 22 avril 2022

Le musicien montréalais Patrick Watson a fait paraître en 2022 son 7^e album studio, le très bref mais non pas moins inspiré Better in the Shade, faisant ainsi suite à son excellent Wave, lancé 3 ans plus tôt.

Malgré le contexte des compositions et de l’enregistrement, on reconnaît immédiatement la signature de Watson, avec une musique indie pleine d’envolées vocales planantes. Quant aux sujets abordés, le chanteur laisse entendre que l’album en est un où «on négocie un monde où on ne sait plus ce qui est réel» (traduction libre), avec des influences tirées de certains romans. L’album ouvre sur la chanson-titre Better in the Shade, avec une bonne dose de vulnérabilité mise de l’avant avec une début piano-voix efficace. Les cordes s’invitent un peu plus tard, donnant du poids à la chanson.

S’ensuit Height of the Feeling, en duo avec La Force, autre voix que l’on apprécie beaucoup. Watson a même été chercher Andrew Barr (des Barr Brothers) pour ajouter sa touche magique à la batterie. La chanson ne pouvait donc s’empêcher de renfermer quelques surprises et changements d’énergie. Plusieurs passages sont par ailleurs très réussis (notamment vocalement), mais la chanson devient vite surchargée, ce qui nous empêche d’apprécier toutes les subtilités qu’elle a à offrir.

La suivante, Ode to Vivian, est un bref morceau instrumental dont Watson a le secret. Son seul défaut est comment il finit, y allant d’une certaine distorsion pour nous guider vers Little Moments, quoique la transition est impeccable ici. Et la chanson en elle-même est aussi très réussie, offrant un bon équilibre entre la lourdeur de la musique et la légèreté relative des mélodies. En fait, la lourdeur de Little Moments rend automatiquement Blue infiniment plus sereine en comparaison, musicalement du moins! Cela n’empêche pas la chanson de contenir des passages plus tendus, notamment dans la deuxième moitié.

La La La La La surprend ensuite avec les paroles les plus faciles à mémoriser de tout l’album. C’est aussi très minimaliste dans les arrangements, avec des instruments très feutrés tout le long de la courte chanson. Au contraire, la 7^e et dernière chanson de l’album, Stay, mise sur des arrangements plus chargés (mais pas autant que Little Moments) et sur sur une collaboration avec la chanteuse Sea Oleena. La mariage des voix est, comme avec La Force, parfait, et nous berce facilement. On aurait simplement coupé la fin qui ajoute inutilement des effets électroniques, mais c’est assez mineur dans le grand ordre des choses.

On ne peut pas dire que Better in the Shade est notre album préféré de Patrick Watson, qui a composé son lot de chefs-d’œuvre, mais on reconnaît aisément sa signature et son talent à travers les différentes compositions. L’album a aussi l’avantage de ne pas étirer la sauce plus que nécessaire, lui qui ne dure même pas 22 minutes. On se permet d’espérer une suite plus tôt que tard!

À écouter : Better in the Shade, Little Moments, Stay

7,6/10

Par Olivier Dénommée