
Sorti le 25 août 2023
Bobby Bazini a vite connu le succès en début de carrière, prenant tout le monde par surprise avec son solide Better in Time paru en 2010. On l’a par la suite quelque peu perdu de vue même s’il a lancé quelques autres albums depuis, mais il semble avoir connu une sorte de renaissance musicale avec son 5e opus, intitulé Pearl. En tout cas, l’album était assez bon pour être en nomination pour Album de l’année – Anglophone à l’ADISQ, ce qui n’est pas un petit honneur! On a donc décidé de s’y pencher.
Même après des années, le souvenir qu’on garde de Bobby Bazini est sa voix à la fois puissante et chaude. Bonne nouvelle, elle n’a pas changé et est très bien mise en valeur au fil de l’album. L’expérience commence avec la chanson-titre Pearl, avec une musique rétro mêlant les passages feutrés et ceux qui poussent juste un peu plus la note. La finesse des arrangements est évidente ici est met parfaitement en valeur ses atouts vocaux – le réalisateur Connor Seidel, qui signe les arrangements, est à sérieusement saluer pour ce beau travail!
Notons que pour le reste de l’album, les arrangements de cordes en particulier sont d’Antoine Gratton, un autre artiste qui fait très, très rarement des mauvais coups. Bref, Bazini s’est très bien entouré pour cet album et l’écoute se poursuit avec I Don’t Talk to My Mother, gardant son côté rétro chargé sans trop l’être. Le dosage y est presque parfait avec seulement quelques longueurs de rien du tout. Turn Blue passe ensuite au folk passant d’arrangements dépouillés à des montées bien amenées. On se garde seulement une petite réserve pour la dernière minute et demie de la chanson, qui a été étirée sans vraiment livrer un build-up qui amène la chanson à un autre niveau.
On a ensuite droit à l’ensoleillée Take It Out on Me (incluant des sympathiques envolées de flûte), mais c’est étrangement avec Ojalá que Bobby Bazini semble traîner le plus l’été, avec une petite bossa pourtant très douce et un titre en espagnol (même si le reste de la chanson est essentiellement en anglais). La guitare de Waterfallin’ nous convainc plus ou moins, mais le résultat en général est assez réussi dans un registre plus énergique tout en gardant un côté planant. Et mention spéciale à Living Again, qui laissait croire à une petite ballade au début avant d’exploser en quelque chose d’à la fois groovy et d’émotif. C’est très efficace!
Après un morceau très fort, il n’est pas rare qu’on peine à accrocher sur la suivante. C’est ce qui se passe ici avec Lavender, qui n’est pourtant pas mauvaise (malgré une fin trop longue de 30 secondes pour rien), mais qui n’a décidément pas la magie de Living Again. S’ensuit Interlude (Mona & the Moon), trop bref pour nous marquer, menant ensuite à Heartwood, qui, malgré certains bons éléments, ne réussit pas à nous rester en tête à cause de mélodies moins fortes que dans le reste de l’album. La conclusion revient à Forever Had to End, un morceau qui résume les différentes ambiances de l’album Pearl, passant d’un folk léger à des arrangements plus aériens, mettant en valeur une dernière fois la voix soul du chanteur. On avait peur d’avoir affaire à une fin d’album plus faible, mais Bobby Bazini a somme toute bien rattrapé le coup pour cette finale.
Pearl n’est pas un album sans défauts, mais on comprend parfaitement l’amour qu’il a reçu depuis sa sortie. Bazini s’est très bien entouré pour cet enregistrement et on entend bien sa maturité artistique. Rien n’est fait pour nous impressionner, mais à peu près tout est bien calculé dans l’interprétation. Par le passé, on s’est plaint qu’il devenait trop doux, mais force est d’admettre que quand c’est bien amené, la douceur peut faire des miracles. Cela aurait seulement pris un petit élagage pour enlever les passages superflus de certaines chansons et peut-être couper une piste plus faible pour vraiment faire un coup de circuit, mais cela reste un album franchement agréable à écouter.
Cet album est notamment accessible sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Pearl, Ojalá, Living Again
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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