
Sorti le 4 octobre 2024
On n’a appris que tout récemment l’existence de Mia Kelly, autrice-compositrice-interprète originaire de Gatineau, en entendant parler de son 2e album, To Be Clear. Versant dans le vaste registre folk, elle patauge tantôt vers le country, tantôt presque un son presque blues, mais elle nous surprend surtout par la grande maturité et l’efficacité de son écriture.
Avec To Be Clear, Kelly traite de sujets universels tels que le premier grand amour et la peine qui en a suivi, mais aussi le deuil et la maltraitance. «L’écriture de chansons a toujours été pour moi une manière de raconter des histoires. Quand je suis envahie de sentiments forts, je dois les s’exprimer. Ils mijotent, et souvent, ceux qui doivent sortir sont le chagrin et l’horreur. Ils débordent», raconte l’artiste au sujet de son processus. Et il faut admettre que c’est très rare que ses interprétations ne sont pas senties.
On ouvre avec Bonefish Boys, qui a l’avantage de bien mettre sa voix de l’avant, même si musicalement elle nous marque relativement peu. Les arrangements deviennent plus intéressants à partir de South Went the Bird, y allant d’un morceau plus émotif, tout en simplicité, à écouter les yeux fermés. On passe au français dans Si j’étais franche, un changement de langue qui demande quelques instants pour s’y faire, mais qui fonctionne somme toute plutôt bien dans l’ensemble.
Watercolour Girl délaisse la guitare pour favoriser le piano comme instrument central, une décision qui lui sourit ici puisque les arrangements contribuent à l’intensité émotive des mélodies. S’ensuit Sally May, bref morceau qui n’a malheureusement pas le temps de complètement développer son potentiel. Quant à Meaning Well, où on mentionne nonchalamment le titre de l’album, To Be Clear, La chanson est en général assez douce, mais contient son lot de passages plus puissants, lui donnant une autre dimension. Elle est suivie de la seconde et dernière chanson en français de l’album, Rideau tombe. La seule critique qu’on lui trouverait est l’usage d’un registre vocale un peu plus grave que celui avec lequel elle semble véritablement à l’aise, sinon les arrangements sympathiques et les mélodies efficaces prennent vite le dessus.
On se laisse surprendre par le côté plus bluesy de Lone Dog, qui arrive en plus à nous faire penser (très) vaguement à certains passages mélodiques de Dream On de Aerosmith. Notons ensuite une certaine lourdeur dans la voix de la chanteuse dans Oleander. L’album se termine avec Remedy River, concluant avec une certaine légèreté dans la musique et surtout une douceur mémorables dans ses textes, désarmants de simplicité. «I’m coming home / I’m coming soon», entend-on d’ailleurs à quelques reprises, dont à la toute fin de la chanson, offrant une conclusion parfaite pour cet album qui s’écoute sans grand effort.
Après avoir entendu de quoi était capable Mia Kelly, on comprend assez bien pourquoi elle a été retenue pour faire les premières parties de Bobby Bazini dans le cadre de sa tournée automnale. Son folk est assez accessible sans être trop prévisible, un équilibre parfois fragile à maintenir. En aucun cas on ne sent qu’on a affaire ici à un 2e album d’une jeune artiste tellement à peu près tout a été bien ficelé. On en veut plus!
À écouter : Watercolour Girl, Rideau tombe, Remedy River
8,0/10
Par Olivier Dénommée
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