
Sorti le 18 octobre 2024
La Suissesse Cyrielle Formaz joue de la musique sous le nom Meimuma depuis quelques années déjà, cumulant déjà plusieurs EP, mais n’avait encore jamais lancé d’album complet. C’est donc avec C’est demain que je meurs qu’elle propose son tout premier long jeu, mettant de l’avant sa musique aussi rêveuse qu’émotive.
Dès Sous la nef, on se laisse bercer par la douceur des arrangements et la poésie portée par la voix de Meimuma. Tout y est parfaitement dosé pour créer l’ambiance voulue et on ne pourrait pas demander mieux comme petite chanson automnale. On change toutefois quelque peu d’énergie dans le premier single Arracher les ombres, y allant d’une dream pop un peu plus active. Malgré ses arrangements presque surchargés durant les refrains, ces passages demeurent de loin les moments forts de la chanson. La formule est sensiblement similaire dans la suivante, Tomber de haut.
Près du littoral revient à quelque chose de plus dépouillé, ce qui permet de pleinement apprécier la voix et les textes de la chanteuse. L’extrait Ève B. (battre des records) est un autre morceau très doux et émouvant, qui frappe par ses textes. Ceux-ci font rendent hommage à Lolo Ferrari et à son histoire tragique et des enregistrements sont d’ailleurs incorporés pour ajouter au propos. Même quand on ne connaît pas spécifiquement cette histoire, elle ressemble tristement à tant d’autres. Notons aussi les paroles «À la télé, encore une idole / Qui s’en est allée / Toute seule», qui s’appliquent à tant de célébrités parties soudainement et beaucoup trop tôt. Le timing aura voulu que quelques jours avant la sortie de l’album, c’est le chanteur Liam Payne qui est décédé tragiquement, ajoutant du poids à ces paroles.
Entre les pierres n’est pas la plus mémorable mélodiquement, mais elle demeure très belle à la fois par des arrangements berçants et ses propos. S’ensuit la berceuse Lullaby for a Satellite, la seule chanson chantée en anglais de l’album. Si elle semble un peu moins à l’aise dans l’écriture dans cette langue, la chanson demeure à sa place au milieu de cet album très planant. S’ensuit une J’irai courir plus fantomatique.
Après une série de morceaux très doux, l’extrait Fureurs secrètes porte parfaitement son nom, avec un début minimaliste qui cache après quelques secondes une chanson beaucoup plus chargée. On aurait gardé davantage de discrétion du côté des percussions, mais le dosage demeure somme toute bon entre la voix de Meimuma et la musique l’appuyant. L’album se conclut ensuite sur la chanson-titre C’est demain que je meurs. Très chorale, la chanson a un petit côté Klô Pelgag, loin d’être désagréable. On se laisse aisément porter à travers cette très belle chanson, malgré le propos sombre sur la fin de l’humanité et la fin un peu plus tendue.
Si on ne le savait pas, on n’aurait jamais deviné que C’est demain que je meurs est le premier album de Meimuma tellement à peu près tout est réglé au quart de tour. L’album n’est pas très long, frôlant à peine les 34 minutes, mais il nous propose un très beau voyage que l’on recommande volontiers pour quiconque aime une musique planante et inspirée. Souhaitons-nous d’autres albums de cette artiste dans un avenir rapproché.
Vous pouvez trouver cet album sur Bandcamp.
À écouter : Sous la nef, Arracher les ombres, Ève B. (battre des records)
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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