Maybe – Valley

Sorti le 17 septembre 2019

Le groupe indie pop torontois Valley a pris forme en 2014 et a fait paraître quelques EP avant d’en arriver en 2019 à son premier album studio, intitulé Maybe. L’album a valu à Valley une nomination aux Junos l’année suivante comme «Breakthrough Group of the Year». Même s’il n’est pas reparti avec les grands honneurs, on s’est intéressé à cette première offrande, particulièrement généreuse.

On parle ici d’un album de 18 pistes, totalisant 62 minutes. Notons quand même que la fin de l’album consiste en 3 reprises de chansons précédemment entendues sur le disque, mais ça reste quelque chose d’assez chargé! Heureusement, Valley verse dans une musique plutôt légère et accessible, ce qui aide à ne pas rendre l’expérience déplaisante, au contraire.

La chanson-titre Maybe ouvre l’album avec une douceur planante, qui cache mal une montée typique du courant indie-pop. La seule vraie surprise est dans le rythme de la batterie, qu’on peine à suivre et qui est presque plus distrayante qu’autre chose! Passons à quelque chose de plus égal : There’s Still a Light in the House, cochant à peu près toutes les cases du registre, particulièrement celle des refrains contagieux qui donnent envie de taper du pied. C’est réussi, mais le groupe frappe encore plus fort dans le même esprit avec certaines des chansons qui vont suivre, comme l’excellente Closer to the Picture, Push for Yellow (Shelter) et son impressionnante construction (on change d’énergie à quelques reprises, incluant un segment très riche vocalement dans la dernière minute!), ou la contagieuse Bailey.

On a aussi droit à d’autres morceaux légèrement plus doux et très sentis, incluant Namedropper, planante et enlevante à souhait, ou encore A Phone Call in Amsterdam, laissant place à un groove très intéressant, quoiqu’un tantinet prévisible dans sa forme. Plus loin, on retient Sports Car, au refrain instantanément mémorable.

Boys and Girls of 2018 and Everything in Between est spéciale dans la mesure où elle propose un relativement bref morceau très émotif, initialement juste avec du piano, puis avec les voix, l’amenant à un rapide build-up solennel, limite explosif compte tenu de la douceur du début. Seul autre commentaire : le son à la toute fin, servant à nous mener vers la suivante, la correcte Park Bench (elle contient quelques bonnes idées, mais elles arrivent trop tard et les arrangements manquent un peu de nuance pour être au même niveau que les meilleures de l’album, selon nous), n’était bien sûr pas nécessaire, mais heureusement pas assez dérangeant pour gâcher la piste. Plus loin, Headphones revient pour vrai cette fois à une la douceur, avec un morceau plus folk… jusqu’à ce que Valley décide de faire un crescendo dans les 30 dernières secondes, une autre décision artistique prévisible. L’histoire se répète dans Nowhere Fast, mais la montée finale est beaucoup mieux amenée et elle ajoute véritablement à l’énergie de la chanson.

Mention à la «dernière» chanson de l’album, Watery Brain. Elle ressemble beaucoup à Maybe, jusque dans les percussions ambiguës, mais dure beaucoup plus longtemps. Même si elle contient de bonnes idées, la chanson n’est pas au même niveau que les meilleures de l’opus, qui auraient gagné à prendre sa place pour conclure avec force, du moins dans un contexte normal, parce qu’il y a quand même 3 pistes qui suivent…

Commençons par admettre qu’on est parfaitement en accord avec Boys and Girls of 2018 and Everything in Between – Reprise/Orchestration, lui donnant des airs encore plus épiques, à donner des frissons. On aurait même pris une version plus allongée de la piste qui finit toujours trop vite à notre goût! On ne se plaindra pas non plus de Nowhere Fast – Reprise/Orchestration, dotée d’arrangements plus cinématographiques extrêmement réussis en plus de bien complimenter les mélodies déjà existantes. La vraie dernière chanson est A Phone Call in Amsterdam – Acoustic, version épurée et plus émotive de la chanson. C’est loin d’être déplaisant dans un registre moins chargé comme celui-ci!

On en vient à oublier que Maybe n’était que le premier album de Valley tellement le groupe semblait assuré dans sa proposition. Il tombe bien sûr dans certaines sonorités clichées du registre, mais il faut reconnaître qu’il a une solide moyenne au bâton, surtout considérant la longueur de l’album. Et la musique n’a pas pris une ride non plus!

5 Year Anniversary Edition (2024)

L’album Maybe a vu le jour quelques mois avant la pandémie de COVID-19 marque la planète. Est-ce que cela a fait en sorte qu’il n’aura pas pu être défendu de la façon que souhaitait Valley? Quoi qu’il en soit, le groupe a décidé de lancer une édition pour souligner son 5e anniversaire en 2024, soit quelques mois après la sortie de son 3e album, le solide Water the Flowers, Pray for a Garden. Cette nouvelle version ajoute 2 versions demo de chansons, amenant la durée totale à 67 minutes!

La première est New York – Push for Yellow Demo. Au niveau des voix comme des arrangements, cela prend une bonne minute pour devenir plus intéressant, mais ça a justement l’avantage de montrer l’évolution de l’approche de Valley face à ses compositions, qui ont été visiblement retravaillées pour être plus efficaces. La seconde est Hudson – Demo, un petit folk léger qui s’écoute tout seul. Mais, sérieusement, l’album est déjà tellement long qu’on en oublie que les 2 pistes sont des bonus. C’est possiblement le défaut principal qu’on pourrait lui trouver! Il se pourrait donc qu’il ne soit pas nécessaire de vous procurer cette version, à moins bien sûr d’être fan fini de Valley!

À écouter : Closer to the Picture, Namedropper, Nowhere Fast – Reprise/Orchestration // Édition 5e anniversaire : Hudson – Demo

7,9/10

Par Olivier Dénommée


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