
Sorti le 21 février 2025
Quand on en a l’occasion, on aime bien suivre l’évolution de la musique de la Montréalaise Basia Bulat, qui nous a surpris avec quelques excellentes chansons par le passé. Son nouvel album intitulé Basia’s Palace nous plonge dans l’univers de la chanteuse, qui est à la fois son appartement, sa salle de répétition et sa tête. Cela semble annoncer un album plutôt intimiste, mais pas sans une bonne dose de synthés et de sons MIDI! Notons aussi que, prenant exemple sur nul autre que Leonard Cohen, Basia Bulat aurait été l’essentiel de ses nouvelles chansons au milieu de la nuit.
My Angel nous met vite dans l’ambiance de l’album : la voix de Basia Bulat est appuyée par divers sons synthétiques, offrant un groove sympathique vaguement rétro loin d’être désagréable. Mentionnons quand même une petite exception pour les percussions, qui ont peut-être moins bien vieilli que le reste des sons de cette ère, mais on ne peut pas dire que l’artiste ne s’assume pas! Et, dans l’ensemble, cet élément est loin d’être ce qui écorche le plus l’oreille. Elle est suivie d’une Baby contagieuse à souhait, très simple dans la forme, mais très solide au niveau des arrangements (les cordes ajoutent grandement à la force de la chanson).
Quand on entend Spirit pour la première fois, on ne peut s’empêcher d’entendre certaines similitudes avec une autre chansons de Bulat, Your Girl, bien qu’on ait affaire à une chanson beaucoup plus douce et lente ici, permettant de mieux apprécier l’émotivité des textes et de la voix. Right Now est encore plus émotive, mais certains passages musicaux nous convainquent un peu moins, dommage! Basia Bulat nous surprend ensuite avec Disco Polo, un petit folk senti basé sur une danse polonaise – certaines paroles sont même dans cette langue! Personnellement, on aurait seulement laissé tomber les percussions qui n’aident pas vraiment à l’appréciation de la chanson, autrement excellente. C’est par ailleurs très réussi dans la suivante, The Moon, où le dosage de chaque instrument est vraiment optimal.
La douceur se poursuit sur Daylight, du moins au début; la 2e moitié s’amuse avec quelques lignes de synthé nous transportant presque dans l’espace! Le résultat, s’il fait sourire, demeure plutôt réussi. S’ensuit Laughter, qui nous fait (un peu) penser à Comfortably Numb de Pink Floyd; on peut imaginer pire comme comparaison! L’album de 35 minutes se conclut sur Curtain Call, chanson simple aux airs solennels.
Basia’s Palace pourrait se résumer en un album somme toute assez doux mélodiquement, mais bonifié par des arrangements parfois plus audacieux. Dans certains cas, ça donne du mordant aux chansons, mais parfois ça rend aussi plus difficile d’apprécier l’émotion véhiculée par la chanteuse, alors tout est dans le dosage, qui peut faire la différence entre une pas pire chanson et une très bonne chanson! Mais cela reste, dans l’ensemble, un album inspiré dont on ne s’est pas lassé malgré une écoute assez intensive de 48h, ce qui est généralement bon signe. Et malgré certains choix artistiques qui nous plaisent moins, Basia’s Palace est possiblement la meilleure offrande de l’artiste qu’on a eu la chance d’entendre.
On n’en a pas parlé plus haut, mais il est intéressant de lire qu’elle est une avide amoureuse des jeux vidéo, incluant les jeux rétro (Chrono Trigger et Dragon Warrior 4 sont par ailleurs cités en exemple dans le matériel promotionnel de l’album), ce qui apporte une perspective différente sur les arrangements plus éclatés de certaines de ses chansons. On n’irait pas jusqu’à dire que cet album a la même magie qu’une bande sonore de jeu vidéo, mais on peut l’imaginer comme la bande sonore toute personnelle de Basia Bulat, qui contient effectivement quelques chansons universelles qui nous rejoindront à leur façon. Dans tous les cas, une bonne écoute est recommandée, surtout si vous avez déjà écouté sa musique passée.
Son album est entre autre disponible sur Bandcamp.
À écouter : Baby, The Moon, Daylight
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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