
Sorti le 28 février 2025
Moitié masculine du duo de prog atmosphérique iamthemorning, le pianiste Gleb Kolyadin joue aussi en solo. Il vient d’ailleurs de faire paraître un nouvel album sous son nom, intitulé Mobula. Cet album instrumental, qui s’écouterait un peu comme une bande sonore en 14 chapitres, est dur à décrire, avec à la fois l’efficacité mélodique du mouvement néoclassique, des sonorités électroniques et des textures plus folk.
Si le nom du musicien peut être difficile à écrire, sa musique, elle, s’écoute toute seule. Il ne perd pas de temps pour nous plonger dans son univers singulier dès Parallax : le début doux au piano cache un crescendo constant pendant 4 minutes où l’intensité ne fait que monter et où chaque instrument ajouté contribue à l’effet. On nous aurait dit que cette pièce se trouve dans un jeu et on y aurait cru sans hésiter. On passe ensuite à Glimmer, avec une petite minute de piano au début avant que ça ne commence réellement. Le côté répétitif de la pièce ne lui nuit étrangement pas, et on salue la flûte (le low whistle, un instrument avec lequel on avoue ne pas être trop familier) qui arrive vers la fin, lui donnant un autre élan. S’ensuit la plus rêveuse Afterglow, où le piano reste bien en évidence toute le long, puis la courte mais entraînante Dawnlight.
On a mentionné la flûte de Glimmer, et elle fait un retour par la grande porte dans Radiant, elle qui vole la vedette pendant la première moitié de la pièce, se permettant quelques bonnes envolées. L’énergie change par la suite pour quelque chose de plus dense au niveau des arrangements, mais d’aussi efficace. Durant moins de 2 minutes, Observer revient à des lignes de piano toutes simples, mais surtout très belles. Dommage que Gleb Kolyadin n’a pas prolongé le plaisir davantage! Elle mène rapidement à Transient, composition beaucoup plus chargée et tendue, surtout dans la première minute. Cette tension semble par la suite se transformer en détermination.
Très minimaliste, Crystalline sonne exactement comme ce à quoi on pouvait s’attendre. C’est réussi dans son style, bien qu’on préfère des arrangements un peu plus touffus de la part du compositeur! On revient donc rapidement à quelque chose de plus chargé avec Fractured, avec un build-up assez redoutable! Seule la fin semble manquer d’un peu de mordant par rapport à ce qui a été créé dans les secondes juste avant. Elle mène à un autre morceau tendu, la proprement titrée Tempest.
Nebular revient à quelque chose de plus doux, avec une musique aérienne (limite spatiale!) où chaque note prend le temps de respirer. S’ensuit Shimmer, la plus longue pièce de l’album, qui est aussi là que l’on entend le plus le côté jazzy et progressif du compositeur. C’est en très grande partie réussie, bien que pièce réussit à comporter certaines petites longueurs ici et là. On peut imaginer qu’il aurait été capable d’élaguer certaines segments répétés pour quelque chose d’encore plus efficace! Starfall correspond, une fois de plus, assez bien à son nom (on pourrait très aisément la mettre en musique de fond pendant qu’on observe les étoiles la nuit, par exemple), et elle nous mène doucement à la finale de l’album, Gaia. Après un opus en montagnes russes au niveau des énergies et des émotions évoquées, on peut conclure l’expérience en sérénité et on ne s’en plaint pas trop.
On a beau chercher de véritables défauts à l’album Mobula, mais à part des petits détails qui sont avant tout une question de préférence, on peine franchement à en trouver. On ne peut pas dire qu’on connaissait Gleb Kolyadin avant d’écouter cette sortie, mais on constate qu’il sait exactement ce qu’il fait et qu’il sait s’entourer pour mener à bien sa vision artistique. On peut lire que Mobula est son premier album depuis qu’il a quitté la Russie natale et qu’il s’est installé au Royaume-Uni. On ne sait pas à quel point ce déménagement a affecté son processus créatif, mais on ne peut que se réjouir d’avoir eu droit à un album aussi inspiré, inspirant et intemporel que celui-ci. Amateurs de bonne musique instrumentale, ne boudez pas votre plaisir!
Cet album est notamment disponible sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Parallax, Glimmer, Afterglow
8,5/10
Par Olivier Dénommée
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