
Sorti le 7 mars 2025
Cela fait déjà plus de 10 ans qu’on a commencé à suivre la trompettiste montréalaise Rachel Therrien, elle qui semble de plus en plus assumer son amour pour la musique latine, ce qui se traduit par son ensemble Rachel Therrien Latin Jazz Project. Elle vient d’ailleurs de lancer Mi Hogar II, «ma maison», qui ne se limite toutefois pas à un toit et 4 murs, mais aussi une communauté et la musique qu’elle crée au côté de sa «grande famille musicale» qui la suit depuis plusieurs années déjà. Et, il faut le dire, un album de musique latine en plein mois de mars, ça fait son effet!
Rachel Therrien est loin d’être seule dans ce projet avec une vingtaine de musiciens qui contribuent à l’enregistrement. Le projet Mi Hogar II ne contient «que» 7 pistes, mais elles cumulent tout de même plus de trois quarts d’heure de musique, à commencer par la plus longue du lot, Fiestas Campesinas. Après une douce introduction au piano, les choses deviennent sérieuses vers 1min20, quand le reste de l’album entre en scène avec une musique rythmée et chaleureuse à souhait. Il est bon de noter que la trompette et le flugelhorn (on n’entend à peu près jamais son nom français, «bugle»), les 2 instruments de Rachel Therrien, sont bien présents, mais qu’elle n’est pas la seule à avoir l’occasion de briller et un peu tout le monde contribue à la magie.
Orun opte pour une approche plus subtile, avec une section rythmique très simple et plutôt discrète en arrière-plan, laissant la place pour permettre aux solistes de se gâter à l’avant. Cela laisse place à plusieurs moments sentis, mais à aussi quelques petites longueurs. On devine tout de même que la pièce risque de lever encore plus en live! Back Home revient à une musique plus énergique, mais un peu moins dense que celle de Fiestas Campesinas. Les arrangements respirent un peu plus et la pièce propose des sections assez punchées.
Poursuivons avec Sueños de Cambios, morceau doux par excellence de l’album. Therrien y est évidemment bien mise en valeur avec son jeu émotif mais bien dosé, mais il vaut la peine de mentionner le violon d’Elizabeth Rodriguez qui ajoute beaucoup de beauté à l’ensemble. S’ensuit la nerveuse Soucy, solide mais tout de même plus corsée à l’oreille, ce qui fait qu’on en vient à trouver sa durée de 7min38 un peu longue lorsqu’on n’est pas dans le mood! Le début de Mambo « Chucho » Influenciado laisse croire à une autre pièce assez intense, mais elle contient davantage de nuances, ce qui aide à apprécier les passages plus techniques.
L’album Mi Hogar II est instrumental, du moins jusqu’à ce qu’on arrive à la dernière piste, Beauty Free : après environ 30 secondes, on finit par entendre la voix chaleureuse d’une certaine Mireya Ramos et, peu après, celle d’Andy Rubal. Cela change assurément le mal de place et ce duo vocal n’empêche bien sûr pas Rachel Therrien de livrer quelques solides lignes à son instrument. Ironiquement, Beauty Free est aussi la plus courte de tout l’album, alors qu’on en aurait pris encore plus de cette énergie contagieuse.
La dernière fois qu’on avait écouté la musique de Rachel Therrien, elle ne s’était pas encore complètement lancée dans le jazz latin, mais force est d’admettre qu’elle est parfaitement dans son élément ici. Avec Mi Hogar II, elle nous confirme qu’elle est à sa place et qu’elle est bien entourée pour donner vie à ses pièces. Points bonus pour nous avoir fait oublier l’hiver pendant quelques jours! Parions tout de même que l’album aura une encore plus belle vie en live.
Vous pourrez trouver cet album sur la page Bandcamp de Rachel Therrien.
À écouter : Fiestas Campesinas, Sueños de Cambios, Beauty Free
7,8/10
Par Olivier Dénommée
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