
Sorti le 21 mars 2025
Le nom d’Éléonore Lagacé commence à devenir de plus en plus répandu sur la scène culturelle québécoise. Une des filles de la soprano Nathalie Choquette, elle a notamment fait sa marque à l’émission Zénith et du côté de Big Brother Célébrités. Brûlez-moi vive est son tout premier album studio, misant sur une musique pop à souhait avec des sonorités disco.
L’album n’est pas très long – 35 minutes –, mais il est plutôt dense, avec une musique très assumée, à l’image de la chanteuse. Si la musique est plutôt rose bonbon, les textes laissent place à certains tourments, allant de questions existentielles aux amours impossibles en passant par la question de la liberté. Sur papier, c’est une proposition intéressante, mais le tout manque un peu de nuances.
Notre écoute débute avec Poussière d’étoile, chanson disco-pop sympathique, mais qui ne met pas véritablement de l’avant tout le talent vocal d’Éléonore Lagacé, même si musicalement la dernière portion est somme toute plutôt intéressante. Elle est suivie de La fête, qui sonne presque pareil en termes d’énergie si on n’est pas attentif. Au moins, le refrain va complètement ailleurs, quoique celui-ci nous paraît extrêmement familier! Et, contrairement à Poussière d’étoile, la fin chaotique de La fête est le bout qu’on apprécie le moins.
Avec Ne pas t’écrire, Lagacé nous propose une chanson bilingue qui semble faite pour jouer sur une piste de danse. On n’irait pas jusqu’à dire qu’elle paraît plus à l’aise en anglais qu’en français, mais on sent que c’est un peu plus naturel en anglais dans le style qu’elle nous propose. Complètement à l’opposé, on a droit à l’émotive Journée mélancolique, avec le pianiste Simon Denizart qui ajoute sa touche magique. On a droit à quelques bonnes lignes de la part de la chanteuse, mais on avoue qu’elle aurait pu pas mal plus pousser la note et ainsi se démarquer vocalement du reste des chansons. Une petite occasion ratée ici? Sans toi (Dis, quand reviendras-tu?) n’est pas du tout dans le même ton, mais elle nous sort justement de ce qu’on a entendu précédemment, ce qui se prend assez bien. Notons quand même qu’on a certaines réserves quant au mix, qui noie presque la voix de Lagacé dans les passages plus chargés.
La suivante, Baromètre, pourrait passer pour une autre variation des 2 premières chansons de l’album, mais avec plus de guitare acoustique. Puis, Don’t Say You Love Me (avec RockLee) s’assume pleinement dans une musique électro-pop en anglais. Et… ça fonctionne parfaitement! On peut imaginer qu’une artiste américaine comme Madonna aurait aisément pu l’enregistrer à une autre époque. Sashay Away est une autre collaboration, cette fois avec la drag queen Rita Baga. Ceux qui sont même seulement vaguement familiers avec le concept de RuPaul’s Drag Race reconnaîtront plusieurs références dans la chanson, à commencer par le titre. Et si cela ne vous dit absolument rien, vous allez peut-être être confus par pas mal l’ensemble de la proposition. Il restera au moins le bref passage qui reprend une célèbre œuvre de Bach à l’orgue avant de mener à la dernière minute de la piste.
On n’attendait plus de ballade sensuelle dans cet album, mais Hey cutie arrive enfin. Cela ne l’empêche évidemment pas de contenir quelques faiblesses, comme un mix qui n’est pas optimal (voir nos commentaires sur Sans toi (Dis, quand reviendras-tu?)) et une fin qui réussit à traîner en longueur, alors qu’elle aurait très bien pu se terminer 50 secondes plus tôt… Le dernier mot revient à la chanson-titre Brûlez-moi vive, qui est aussi probablement la plus assumée de toutes au niveau des paroles. Cet extrait montre toute la passion d’Éléonore Lagacé et son désir de s’exprimer pleinement, au risque d’être envoyée au bûcher pour ça. On ne peut pas dire que c’est sa chanson la plus nuancée, mais elle fait définitivement partie de la catégorie des vers d’oreille qui restent malgré nous en tête, surtout après quelques écoutes.
L’album Brûlez-moi vive d’Éléonore Lagacé est ainsi la première vraie offrande studio (après un EP en 2023), mais elle définit déjà très bien son personnage avec cette sortie. Comme la plupart des chanteuses pop à la personnalité explosive, on va aimer ou détester. Pour notre part, on salue qu’elle ait écrit l’ensemble de ses chansons et qu’elle ait assumé un style musical qui pourra éveiller un peu de nostalgie à un public plus vieux qu’elle (on parle quand même d’une génération Z dans la mi-vingtaine!). On ne sent toutefois pas qu’elle ait livré sa meilleure performance vocale, mais on n’exclut pas la possibilité que ce soit un choix délibéré pour qu’elle puisse plus facilement chanter en dansant sur scène, surtout que la plupart des chansons ici sont très dansantes. Si c’est le cas, cela voudrait dire que l’on n’aura l’expérience complète de l’album qu’en allant la voir en spectacle!
À écouter : Poussière d’étoile, Journée mélancolique, Don’t Say You Love Me
7,2/10
Par Olivier Dénommée
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