La cueillette des fleurs sauvages – Vaillant Larock

Sorti le 11 avril 2025

Si le nom Vaillant Larock ne vous peut-être encore rien, c’est normal : il s’agit du projet solo d’Antoine Larocque, plus connu comme étant le frontman du Winston Band. En solo, il assume son côté folk americana doté d’une poésie sincère et souvent surprenante. La cueillette des fleurs sauvages est son premier album complet sous ce nom.

On est convié très vite à découvrir son univers particulier dans La marche du chômeur. La musique douce et les mélodies d’une extrême simplicité laissent beaucoup de place aux textes du chanteur, la véritable vedette ici. L’inspiration des «anciens», avec des noms comme Bob Dylan ou Richard Desjardins – des artistes qui n’étaient pas de grands mélodistes mais qui ont toujours su véhiculer leurs émotions avec efficacité – vient naturellement en tête quand on entend sa proposition. La chanson est aussi ouvertement très lente, mais ça a assurément son charme. Le seul défaut qu’on trouve à cette première chanson, c’est qu’elle semble durer un peu plus longtemps que nécessaire : il y aurait possiblement eu matière à la raccourcir d’une petite minute pour rester plus efficace.

On reste dans le folk intimiste avec Fendons le bois, qui au contraire de La marche du chômeur va vers des textes qui respirent beaucoup plus. On a moins saisi l’importance de consacrer une partie de la chanson au chat du chanteur, mais ça a de quoi faire sourire la première fois qu’on l’entend. S’ensuit la sympathique chanson bilingue Haters Gonna Hate, avec ses mémorables paroles «Haters gonna hate and lovers will love», résumant bien la philosophie de Vaillant Larock. Il y a quelque chose de ludique dans sa proposition musicale et on croit même l’entendre chanter avec un sourire en coin tout au long de la chanson. Avec Ahuntsic Blues, il passe avec succès à la ballade plus émotive, même si on ne peut pas décrire Larock comme un chanteur à voix.

Le plus récent extrait de l’album, Chère furie, traite des aléas du quotidien amoureux dans ses mots bien à lui. Comme dans Haters Gonna Hate, il y au côté très ludique dans la proposition, qui alterne entre les lignes tendres et celles où ça brasse un peu plus. On doit dire que ça peut ressembler à l’expérience de bien des vies de couples et c’est loin d’être inintéressant! La chanson-titre La cueillette des fleurs sauvages est encore plus surprenante, elle qui commence comme une douce chanson folk amoureuse et qui se conclut en «murder ballad», tout en gardant le ton anormalement léger. C’est le genre de choses que l’on pourrait même complètement manquer si on n’est pas attentif aux textes!

2080 n’est pas sans rappeler les influences du Winston Band, ce qui est loin de nous déplaire, alors que Quand je serai en paix offre une autre douce chanson folk, réussie sans vraiment se démarquer des autres, peut-être mis à part vers la fin avec quelques contre-mélodies qui lui donnent un peu de mordant. S’ensuit Priez chantez aimez, la version Vaillant Larock des mouvements «Eat, pray, love» de ce monde. La chanson contient par ailleurs son lot de bonnes lignes, avec la plus surprenante, vers la fin : «Mangez chiez pissez fourrez»! Son côté pince-sans-rire fonctionne une fois de plus plutôt bien ici. L’album se conclut sur Incantation, morceau portant assez bien son nom. Pas nécessairement la plus punchée de la proposition, mais elle termine bien cet album marqué par la douceur de la musique et le côté imprévisible des textes avec un segment instrumental de 1min30 plus chargé, montrant une certaine ouverture à explorer quelque chose d’autre pour l’avenir dans son projet solo.

Comment résumer l’album La cueillette des fleurs sauvages? C’est vraiment un album très lent, ce qui peut plaire à un certain public et en repousser un autre, et surtout une sortie misant davantage sur la force des textes que sur la musique, bien que celle-ci soit loin d’être mauvaise. C’est un album qui nous aura pris quelques bonnes écoutes avant d’arriver à l’apprivoiser, surtout qu’on est moins à l’aise avec les chansons à texte, alors on conseille d’aussi prendre le temps avant de forger votre opinion de l’album d’une quarantaine de minutes. Dans tous les cas, Vaillant Larock nous confirme qu’il a sa place dans l’écosystème musical québécois avec son style particulier qui n’essaie pas d’imiter les hits de l’heure, bien au contraire!

L’album se trouve notamment sur la page Bandcamp de l’artiste.

À écouter : Haters Gonna Hate, Ahuntsic Blues, 2080

7,6/10

Par Olivier Dénommée


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