
Sorti le 21 février 2025
Chanteuse jazz polyvalente, on a eu l’occasion d’entendre la voix de Julie Hamelin à quelques reprises dans différents enregistrements impressionnants, que ce soit dans l’album Sport national de Hugo Blouin ou, plus récemment, le projet Héritières. Mais c’est dans son propre projet, Chapitres, son 2e album comme autrice-compositrice-interprète mais son 7e en carrière, que l’on a décidé de l’écouter cette fois! L’opus francophone part d’un concept d’un monde post-apocalyptique où la nature reprend ses droits sur des bâtiments ou des villages laissés à l’abandon.
Cela se traduit évidemment dans les thèmes abordés dans les différentes chansons, qui traitent notamment de transition et même d’une certaine éco-anxiété de la part de la chanteuse, mais la musique est étrangement lumineuse malgré tout dans plusieurs pistes. Même si on reste dans le jazz, la facture est un peu plus proche de la pop, lui donnant généralement un côté très accessible même quand il y a quelques envolées et des improvisations.
Hamelin nous met dans le bain tout doucement avec Le temps qu’il faut, offrant un dosage impeccable entre les voix (la sienne mais aussi les harmonies vocales bien présentes à différents moments) et le groove de ses musiciens qui ajoute grandement à l’expérience. Si on est tenté de dire que la chanson bascule davantage vers la pop que le jazz, un solo de clavier de Jérôme Beaulieu (de Misc) vient nous rappeler à quoi à on a affaire ici! Tombée dans l’oubli explore davantage d’énergies différentes, et montre un côté plus givré aux musiciens.
Fragile comme demain mise quant à elle sur une pièce très vocale avec des textes plus directs, avec une musique assez tendue, qui correspond somme toute assez bien au propos. On préfère tout de même quand on revient à quelque chose d’un peu plus léger et entraînant, comme avec Comme les arbres. On a même droit à quelque chose de très ludique avec Jeff Mégalo, qui devrait vous arracher au moins un petit sourire! On passe ensuite à la ballade émotive avec Rien de nous, offrant un des plus beaux moments vocaux de tout l’opus.
Avec Et si, on se transporte dans un cabaret pour un bref moment (moins de 2 minutes), avant de passer à une minimaliste proposition piano-voix sur Tout prévu, qui gagnera toutefois graduellement en intensité, devenant de plus en plus planant. Enfin, la finale de l’album revient à L’aboutissement, aisément une des chansons les plus inspirées ici avec quelques solides lignes vocales, toujours bien appuyées par l’ensemble. Bon choix artistique de la garder pour la fin!
L’album Chapitres porte assez bien son nom si on voit chaque chanson comme un chapitre distinct, avec son identité et son énergie propres. Cela donne évidemment un album de 35 minutes incroyablement éclectique, mais où Julie Hamelin parvient à prendre place avec une certaine aisance dans chacun des registres qu’elle a décidé d’aborder. Si on compare à d’autres genres, il ne se fait pas des tonnes d’albums de compositions jazz en français, et on est content de constater que Chapitres est parvenu à trouver un certain équilibre entre les puristes qui aiment un jazz qui brasse un petit peu et les néophytes ou ceux qui s’intéressent davantage à une pop francophone. Il y a vraiment une bouchée pour tout le monde, si vous prenez la peine d’écouter!
L’album est notamment accessible sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Le temps qu’il faut, Rien de nous, L’aboutissement
7,8/10
Par Olivier Dénommée
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