Get Sunk – Matt Berninger

Sorti le 30 mai 2025

On a écrit à quelques reprises sur la musique du groupe The National, mais jamais sur la musique en solo de son chanteur Matt Berninger. Comme il a tout récemment fait paraître Get Sunk, son 2e opus solo, on a décidé d’y prêter une oreille.

Notre dernière écoute de la musique de The National remonte à quelques années, mais on a aussitôt reconnu les ressemblances en entendant les chansons de Matt Berninger : on retrouve son goût pour un rock complexe, aux tendances plutôt introspectives dans les textes et parfois plus corsées au niveau de la musique. Cela donne des résultats passablement mitigés, avec des chansons vraiment excellentes, d’autres plus longues à apprivoiser et quelques-unes qui s’écoutent bien sans véritablement rester en tête.

La première piste, Inland Ocean, opte pour un build-up extrêmement lent, ce qui fait qu’elle peine à rester en tête dans les 3 premières minutes, même si elle fait partie des singles de l’album. Mais c’est beaucoup plus réussi à partir de No Love, qui offre quelques solides mélodies, surtout vers le milieu de la piste, en encore plus avec l’extrait Bonnet of Pins, un véritable incontournable tout spécialement dans les refrains. On aurait aisément pris plus de chansons de ce calibre! Frozen Oranges est beaucoup plus douce, mais on sent qu’elle est dans la même veine que Bonnet of Pins, ce qu’on prend volontiers.

On passe ensuite à un folk plus minimaliste avec l’extrait Breaking Into Acting, où les voix (de Matt Berninger et de Hand Habits) sont bien mises de l’avant, mais la chanson en reste pas particulièrement en tête. Elle est suivie de ce qu’on considère comme la pire piste de tout l’album : Nowhere Special. La musique est solide, mais Berninger opte pour le spoken word pour la majeure partie de la chanson. L’idée n’était pas mauvaise, mais on a quand même fini par la sauter la majorité du temps. C’est heureusement la seule qui a eu droit à ce traitement de notre part!

Le reste de l’album Get Sunk penche décidément vers le côté plus doux. La première du lot, Little by Little (avec quelques petits relents country), est tout de même dotée d’un petit crescendo bien ficelé, qui se prend plutôt bien. Encore plus douce, Junk n’a toutefois pas la même magie. L’émotive et sentie Silver Jeep (avec Ronboy) a quelque chose d’extrêmement familier dans ses mélodies, même si on n’a pas tout à fait réussi à mettre le doigt sur quelle(s) chanson(s) il nous fait penser, ce qui nous empêche presque d’apprécier la beauté de la proposition, particulièrement les segments où on entend la voix de Ronboy. L’album se conclut sur Times of Difficulty, la chanson la plus longue de tout l’opus, mais pas la plus mémorable. Pas qu’elle n’est pas bonne, mais après une série de morceaux assez doux, ça aurait pris quelque chose d’un peu plus énergique pour conclure avec force selon nous, même si la chanson connaît son propre build-up dans la 2e moitié.

Musicalement, l’album Get Sunk nous laisse des sentiments partagés. Sur 10 pistes, les meilleures sont excellentes pour vrai, mais les autres ont tendance à nous laisser indifférent. Surtout, les chansons plus fortes sont presque toutes concentrées au début, ce qui met la barre haute dans la première moitié avant de nous amener à baisser nos attentes. On aime généralement les morceaux plus doux, mais on préfère de loin quand ils sont mieux répartis que ce à quoi on a droit ici. Cela n’empêchera pas nécessairement d’apprécier les forces de l’album, mais Matt Berninger aurait certainement été capable de mieux doser le tout pour offrir quelque chose de plus efficace encore.

À écouter : No Love, Bonnet of Pins, Little by Little

7,2/10

Par Olivier Dénommée


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