Sorti le 9 janvier 2025

Désirant écouter de la nouvelle musique du groupe texan Explosions in the Sky, on est tombé sur une sortie en début d’année : la bande sonore de la série American Primeval. Il faut dire que le quatuor de post-rock est plus actif dans les bandes sonores que dans ses albums studio (sa dernière sortie remonte tout de même à 2023, avec End), alors c’est une façon comme une autre de pouvoir écouter sa musique même si elle a été enregistrée dans un contexte plus spécifique. On a aussi pris le «risque» de ne pas écouter la série et se s’immerger directement dans la musique.

Tout de même, quelques mots sur la série : il s’agit d’une mini-série située en 1857, pendant la guerre de l’Utah, un conflit entre le gouvernement fédéral américain et des colons mormons. Pour un western, il nous semble audacieux de faire appel à un groupe de post-rock, mais parfois ça peut payer de surprendre le public! Notons aussi qu’American Primeval est réalisé par Peter Berg, qui a aussi été derrière Friday Night Lights et Lone Survivor, une série et un film qui ont en commun d’avoir fait appel à Explosions in the Sky pour la musique.

Bon… encore faut-il que le groupe ait le mandat de se prêter à son registre habituel, et ici il semble que l’on ait demandé à Explosions in the Sky de se concentrer sur le côté rendu et mystérieux de l’époque. C’est le genre d’énergie qui se dégage de The Fort, pièce introductive de l’album. Ghosts propose quant à elle un hybride entre les guitares lentes et mélodiques et les sons tendus; cela reste toutefois très ambiant tout au long de la piste. C’est seulement à Memories que l’on peut davantage apprécier les mélodies du groupe, même si on s’en tient à une musique en grande partie acoustique. On devine que ces moments plus doux et émotifs se font relativement rares dans une telle série.

Hard Road a droit à un peu plus de mordant, notamment grâce à l’ajout de percussions qui rend le tout plus intense, malgré la lenteur de la piste. Ce n’est pas encore tout à fait du Explosions in the Sky, mais on sent que l’esprit n’en est pas bien loin. S’ensuivent Adam Ondi Ahman, morceau presque berçant, un miracle dans une telle bande sonore, puis Horizon, tendu mais très intéressant à écouter, même sans savoir ce qui se trame exactement au moment où elle joue! La suivante, Jacob’s Descent, est plus punchée et intense, sans nous rester en mémoire.

On revient avec A Melancholy vers un mélange émotion/tension, plutôt efficace, puis on se laisse porter par Snow. Malgré sa douceur, on reconnaît dans les guitares l’identité du groupe, chose qui avait été jusqu’à présent beaucoup plus discrète au fil de notre écoute. C’est encore plus vrai dans la dernière minute et demie, où on plonge à pieds joints dans le post-rock assumé (enfin!). Mine de rien, c’est la 9^e piste de cette bande sonore de 12 pièces et c’est la première où on sent qu’Explosions in the Sky a eu carte blanche! On revient toutefois aussitôt avec All My Fault à une musique ambiante, avant de passer à la très chargée (et percussive) A Massacre. Après une telle intensité, on ne crache pas sur le côté presque serein de This Land, dernière piste de cette bande sonore de 44 minutes.

On a écouté l’album American Primeval (Soundtrack from the Netflix Series) dans l’espoir d’entendre Explosions in the Sky, mais il est fascinant de constater que le groupe n’a pas pleinement eu la chance de s’exprimer musicalement, étant relégué aux pièces plus la plupart ambiantes. On reste content pour le groupe d’avoir eu le contrat pour la musique de la série, mais on ne peut s’empêcher de penser que d’autres artistes auraient pu mieux représenter l’ambiance voulu sans avoir à trop diluer leur propre style. On peut imaginer que dans le contexte de la série, ça fonctionne, mais on n’a aucun intérêt particulier à écouter cette musique en dehors, surtout qu’on peine à reconnaître le groupe. Meilleure chance la prochaine fois, peut-être?

À écouter : Memories, Snow, This Land

6,2/10 (hors contexte)

Par Olivier Dénommée