Einaudi vs Einaudi – Leo Einaudi

Sorti le 29 août 2025

Le compositeur et pianiste italien Ludovico Einaudi se passe déjà de présentation en temps normal, et c’est probablement encore plus vrai sur ce blogue alors que sa musique revient assez fréquemment au menu de nos critiques! On connaît toutefois beaucoup moins son fils Leo, qui est lui-même devenu musicien. Si plusieurs enfants d’artistes essaient de s’éloigner de ce qu’ont fait leurs parents, Leo Einaudi embrasse pleinement l’héritage de son père en lançant Einaudi vs Einaudi, un album reprenant à sa manière les pièces tirées de l’album The Summer Portraits, lancé plus tôt en 2025.

Comme on avait beaucoup d’affection pour cet album, on ne se plaindra pas de réentendre les chansons, avec un habillage légèrement différent. En fait, le «vs» du titre est peut-être un peu galvaudé puisque Leo ne se pose pas contre son père, mais ajoute sa touche sur le matériel de base. Le piano et les cordes de l’album original sont donc toujours bien présents, mais il y a en prime quelques effets et sonorités (dont des percussions), donnant une autre dimension aux pistes. Et, pour avoir entendu des albums où Ludovico Einaudi lui-même expérimentait avec d’autres sonorités, on ne peut pas dire qu’on est choqué de la proposition ici, mais peut-être que certains puristes auront un avis contraire!

Dernière parenthèse avant de vraiment commencer : malgré ses 8 pistes sur 34 minutes, le label Deutsche Grammophon parle d’un EP sur son site. Pour notre part, on a tendance à le voir comme un album, même s’il ne renferme pas la totalité les pièces de The Summer Portraits (qui en contenait 13).

L’album ouvre sur quelques petites sonorités électroniques au début de In Limine (Reworked by Leo Einaudi) (vous aurez compris que chaque titre contient cette information à la fin). Cela nous confirme d’entrée de jeu que Leo ne reprend pas les pièces en ordre, repensant même leur place dans l’opus. Ce choix de première piste n’est certainement pas anodin puisqu’il accorde pratiquement une place égale aux 2 facettes – organique et électronique –, probablement une façon d’immédiatement nous confirmer que ce n’est pas un simple album de Ludovico Einaudi qu’on écoute.

Mais ce n’est qu’à partir de In Memory of a Dream (Reworked by Leo Einaudi) que la magie opère réellement. C’était déjà une de nos préférées de The Summer Portraits, mais Leo amène la pièce à un autre niveau, avec des arrangements incroyablement efficaces qui ne font que bonifier l’originale. En revanche, on aurait quelque peu modéré les interventions du fils (ou au moins diminué leur importance dans le mix) dans Jay (Reworked by Leo Einaudi). Si on avait mentionné des similitudes entre Pathos et Experience (de l’album In a Time Lapse), la version Pathos (Reworked by Leo Einaudi) va davantage ailleurs, sans complètement nous faire oublier nos commentaires précédents! La piste est toutefois plus courte, ce qui peut plaire à un certain public qui aurait pu trouver que 7 minutes était un peu trop. On se laisse ensuite porter par Punta Bianca (Reworked by Leo Einaudi), qui accentue les beautés mélodiques naturelles de la pièce.

Si le début de Rose Bay (Reworked by Leo Einaudi) nous paraissait bien quelconque, la 2e moitié nous fait réviser notre position avec quelque chose de beaucoup plus énergique et percussif, sans trahir la version de Ludovico. Commentaire similaire pour Santiago (Reworked by Leo Einaudi), à la différence près de nous convaincre un peu plus tôt durant la piste! Einaudi vs Einaudi se conclut sur To Be Sun (Reworked by Leo Einaudi), dont le ton change assez drastiquement. Les sonorités électroniques jumelées à la musique très lente crée un effet assez intéressant, même si elle ne se retrouve pas parmi nos favorites du lot.

Si on avait écouté The Summer Portraits à sa sortie, on n’a pas pensé à nous replonger dans les pièces avant de s’attaquer à Einaudi vs Einaudi. Mais le souvenir des pièces est très vite revenu, alors on ne pense pas qu’il soit nécessaire de les écouter côte-à-côte pour apprécier les nouvelles versions. On irait même jusqu’à prédire qu’on n’est même pas obligé d’avoir entendu les originales pour se laisser porter par cet album puisqu’on reconnaît sans contredit la touche de Ludovico Einaudi. Leo a été extrêmement respectueux du matériel original, alors c’est surtout une question de préférence : aimez-vous le Einaudi sobre, avec seulement une formule piano/cordes, ou appréciez-vous quelque chose d’un tantinet plus costaud avec des petites percussions et des ajouts électroniques? Notre seul regret avec cet album, c’est qu’il n’a pas repris l’entièreté de The Summer Portraits, qui aurait aisément pu s’y prêter selon nous.

À écouter : In Memory of a Dream (Reworked by Leo Einaudi), Punta Bianca (Reworked by Leo Einaudi), Santiago (Reworked by Leo Einaudi)

8,0/10

Par Olivier Dénommée


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