
Sorti le 19 septembre 2025
Depuis le temps, Bobby Bazini se passe de présentation, lui qui a frappé fort dès son premier album, Better in Time, lancé en 2010 (déjà!). Associé depuis toujours à ses compositions en anglais, il se met en danger en français sur un album complet pour la toute première fois avec Seul au cinéma. On y retrouve sa voix unique qui a fait son succès tout en découvrant une toute autre facette au chanteur.
Dans le dossier de presse nous parlant de l’album, on apprend que Bobby Bazini songeait depuis un bout à chanter en français, sans oser aller de l’avant, jusqu’à ce qu’il entame un projet d’album francophone avec Connor Seidel. Le projet a été mis sur la glace pour permettre à Bazini de travailler sur son album Pearl, jusqu’à ce qu’il trouve l’inspiration pour Seul au cinéma… en passant un après-midi dans un complexe de salles de cinéma. Les 9 pistes du bref album représentent chacune une salle et «une facette de sa quête d’identité et de solitude».
Comme on est en droit d’espérer dans un album qui contient «seul» dans son titre, la musique est relativement dépouillée, laissant beaucoup de place à la voix de Bobby Bazini dans une bonne partie des chansons. Habitué à chanter en anglais, on le sent déjà plus vulnérable simplement en changeant de langue. La première, Février et le mauve, donne bien le ton à l’album. Quelque chose de très familier se dégage de cette chanson, mais lorsqu’on lit que l’album Rêver mieux de Daniel Bélanger est cité comme une inspiration, on fait vite les parallèles! Les 2 voix n’ont pas grand-chose en commun, mais il y a quelque chose dans les textures qui ne mentent pas.
Rouler en août prend des airs plus rock, tout en gardant une certaine légèreté. On y retrouve ses réflexes de compositeur en anglais et on peut s’imaginer que cette chanson aurait aussi très bien pu exister dans l’autre langue. La brève Solitude, morceau instrumental de moins d’une minute, nous mène doucement à Élégante solitude, premier extrait de l’album. Très enveloppant, ce morceau a certainement de quoi rassurer les fans de Bazini qu’il ne change pas entièrement de personnalité en changeant de langue. On revient toutefois déjà à un bref morceau ambiant, la pièce-titre Seul au cinéma, avant de passer à Partir (avant la fin). Cette dernière nous fait de nouveau penser à du Daniel Bélanger. Et le refrain est particulièrement efficace!
On a ensuite droit à une chanson très planante, Le jour est morne, bien que son degré d’efficacité ne nous semble pas égal du début à la fin. On est tenté de dire à peu près la même chose pour Et à la fin, qui ne nous convainc pas avec ses couplets, mais qui compense en grande partie durant ses refrains. Le problème lorsqu’on a plusieurs excellentes chansons plus tôt dans un album, c’est que des chansons «juste» bonnes nous sautent tout de suite aux oreilles lorsqu’on y arrive! L’album se termine sur Soleil d’arcane, morceau minimaliste en formule guitare-voix. La seule surprise vient à la toute fin, avec un segment qui semble sorti de nulle part. On aurait simplement coupé les 30 dernières secondes.
Si Bobby Bazini s’inquiétait de l’accueil qui l’attendait lorsqu’il passerait au français, il peut dormir sur ses 2 oreilles : son identité est demeurée intacte et on reconnaît bien sa plume à travers les différentes compositions. Ses inspirations sont de bon goût et à moins d’avoir une aversion irrémédiable pour la langue française (mais dans ce cas, pourquoi lisez-vous cette critique?), vous pourrez y trouver votre compte en écoutant Seul au cinéma. On se doit quand même de souligner nos quelques bémols face à cet album, dont le fait que malgré sa courteur (à peine 28 minutes), Bazini réussit à inclure un peu de gras qui apporte trop peu de choses à l’ensemble, dont la piste-titre, la fin d’Élégante solitude et la fin de Soleil d’arcane. Mais, maintenant que le baptême en français est vraiment fait, on a surtout hâte de voir dans quelle direction le musicien ira pour la suite de sa carrière.
L’album est notamment accessible sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Février et le mauve, Rouler en août, Partir (avant la fin)
7,8/10
Par Olivier Dénommée
En savoir plus sur Critique de salon
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.