Reprises – Beyries

Sorti le 10 octobre 2025

Dès qu’on en a la chance, on écoute le nouveau matériel de Beyries. Cette fois, c’est un court album entièrement consacré à des reprises (d’où le poétique et inattendu titre Reprises…) qu’on a droit. On ratisse très large dans le registre des chansons choisies, mais toutes ont marqué d’une façon ou d’une autre Amélie Beyries, qu’elle interprète à sa sauce bien personnelle.

L’énergie générale de Reprises est un ton feutré avec une instrumentation discrète qui laisse beaucoup de place à l’interprétation vocale de la chanteuse. Et c’est une assez bonne nouvelle puisque ce registre a toujours été une grande force pour Beyries. Mentionnons aussi qu’elle ne fait pas de discrimination dans la langue, avec quelques chansons en français, le reste en anglais.

L’écoute débute avec Le cœur est un oiseau de Richard Desjardins. C’est rarement un mauvais coup de reprendre une de ses chansons, parce que c’est un excellent auteur-compositeur, mais la plupart des interprètes amènent ses chansons à un autre niveau que lorsque c’est lui-même qui les chante. Et c’est exactement ce qui se passe ici avec une version toute délicate. Sa version de Love Bites (Def Leppard) tranche encore plus avec la version originale, y allant d’un groove léger, qui délaisse aussi certaines longueurs pour se concentrer sur l’essentiel. Un assez bon coup de sa part, elle qui parvient à redonner un peu de jeunesse à une chanson qui cache mal son âge.

Bob Dylan est un autre artiste qui écrit des chansons parfois fabuleuses, mais qui ne nous convainc pas toujours avec ses interprétations. On accueille donc avec plaisir la version revisitée d’It Ain’t Me Babe par Beyries, avec toute la douceur qu’on peut attendre d’elle. Et peut-être est-ce parce qu’on n’a pas d’attachement particulier avec la chanson, mais sa version de The Chain (Fleetwood Mac) nous laisse plutôt tiède. D’autant plus que les 2 suivantes, Désenchantée (Mylène Farmer) et Losing My Religion (R.E.M.) sont de véritables incontournables qu’elle s’approprie de façon impeccable. La première délaisse tout le fla-fla des arrangements originaux pour nous livrer une version vulnérable en formule piano-voix; la seconde a été reprise ailleurs à plusieurs occasions, mais on n’avait pas encore entendu une version comme celle-ci, un enregistrement tout simple sans sacrifier le mordant de la composition.

Après ce qu’on considère comme les meilleures chansons de Reprises, c’est un peu plus difficile d’atteindre à nouveau le même niveau. Lay All Your Love On Me (ABBA) est par ailleurs un excellent exemple de chanson qui perd de sa magie sans son énergie disco. Quant à Islands in the Stream, on ne se base pas sur la version originale des Bee Gees, mais plutôt sur celle de Dolly Parton et Kenny Rogers pour créer une relecture légère dont elle a le secret. La nostalgie de son interprétation touche tout de même assez bien à sa cible! Enfin, l’album se conclut sur The Wind (Cat Stevens), chanson pourtant plutôt courte, mais qui se défend bien pour un moment piano-voix intimiste.

En moins de 30 minutes, Beyries aura réussi à nous faire voyager dans ses souvenirs et les nôtres en même temps. Ses versions ont suscité pour nous une belle nostalgie pour certaines chansons, ce qui explique peut-être nos préférences. Mais avec une sortie comme celle-ci, chacun aura l’occasion de redécouvrir des chansons qui avaient dans certains cas besoin d’une cure jeunesse. On préfère quand même quand Beyries nous livre ses vraies chansons, composées de A à Z par elle, mais en attendant, on ne peut pas dire qu’on est malheureux de cette sortie qui s’écoutera bien pendant l’automne.

Cet album est accessible sur la page Bandcamp de Beyries.

À écouter : Désenchantée, Losing My Religion, Islands in the Stream

7,8/10

Par Olivier Dénommée


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