
Sorti le 26 septembre 2025
On a une relation quelque peu compliquée avec la musique de Cœur de pirate, alias musical de Béatrice Martin. Certaines chansons nous laissent complètement indifférent, incluant ses grands succès, et d’autres nous restent encore en tête des années plus tard. On garde par exemple son album Roses (paru il y a 10 ans, rappelons-le) comme référence du meilleur de sa discographie et chaque fois qu’on écoute ses chansons récentes, on a tendance à les comparer à cette sortie. Cette fois, on s’attaque à son 7e album, Cavale.
Cet album de 34 minutes est plutôt pop avec une bonne dose d’énergie, mais toutes les chansons ne sont pas aussi efficaces. La chanson-titre Cavale démarre un peu «lentement» à notre goût (dans le sens que les mélodies ne se démarquent pas particulièrement au début), et ce n’est qu’à partir du premier refrain qu’on découvre quelque chose de plus accrocheur. Le build-up musical et le bref solo de saxophone vole presque la vedette à la fin de la chanson! On ne parle pas d’une mauvaise chanson, mais on sent que la chanteuse a raté l’occasion de débuter avec une chanson sans maillons faibles, d’autant plus qu’il s’agissait aussi de son premier extrait.
Malheureusement, nos critiques peuvent se répéter pour plusieurs autres chansons. La plupart des mélodies d’Un autre regret peinent à nous rester en tête, ce qui est dommage parce que la musique est efficace. L’énergie disco de Les enfants des temps derniers n’est pas déplaisante, mais encore une fois, c’est au niveau de la composition qu’on manque de mordant. S’ensuivent 2 autres singles, Mélancolie et Château de sable. La première, sans être au même niveau que ses meilleures chansons, se défend franchement bien. La seconde offre une énergie plutôt aérienne, réussie sans être transcendante.
On revient à l’extrême simplicité le temps de Pensées intrusives : un piano, la voix de Béatrice Martin, et des sons d’oiseau en arrière-plan. Elle est suivie d’Instants volés, morceau émotif parmi les plus sentis de cet album. Quant à Terre inconnue, elle paraît extrêmement familière, tout en peinant à véritablement se démarquer du lot (avec, en prime, une fin un peu plus longue que nécessaire). Laisse-moi pleurer revient une dernière fois avec une énergie rétro (quelque part vers la fin des années 80 ou au début des années 90) et des mélodies bien dosées, apportant avec elle une petite dose de nostalgie loin d’être déplaisante. Le dernier mot revient toutefois à La cérémonie, aux mélodies qui auraient pu être écrites par Pierre Lapointe dans les couplets, mais aux refrains qui valent le détour. Les arrangements chargés donnent aussi beaucoup de force à la conclusion, un bon point pour un album marqué par ses inégalités.
En bref, l’album Cavale de Cœur de pirate semble souffrir du même problème qu’En cas de tempête, ce jardin sera fermé, qui nous avait déçu en 2018 de par son manque de chansons mémorables. On dirait quand même que cette plus récente sortie contient davantage de bons moments que de mauvais, mais qu’elle contient trop peu de chansons solides du début à la fin. Il ne manque pas toujours grand-chose, mais quand il manque presque systématiquement un ingrédient pour que le gâteau lève, ça nous laisse ultimement sur notre faim! Ceci étant dit, on ne doute pas que les inconditionnels de l’artiste y trouveront leur compte avec Cavale, même si ce n’est ultimement pas pour nous.
L’album est notamment disponible sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : Mélancolie, Instants volés, Laisse-moi pleurer
7,1/10
Par Olivier Dénommée
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