CHRONIQUE : Viviane Audet, le piano et le torrent d’applaudissements

Viviane Audet

Par Olivier Dénommée

C’est le titre le moins original qu’on a pu trouver, et pourtant ça nous semble être le plus approprié pour décrire la performance de Viviane Audet à Belœil le 8 novembre dans le cadre de sa tournée Le piano et le torrent, du nom de son plus récent album qui vient justement de remporter un Félix. Car si elle a été invitée à jouer dans la très intime salle de la Maison Villebon (à peine 60 places), la réponse a été aussi chaleureuse que dans une où des centaines de spectateurs seraient assis.

La pianiste n’était pas venue seule défendre son album, puisqu’elle était accompagnée de la harpiste Éveline Grégoire-Rousseau, qui a ajouté sa touche dans chaque pièce. Ceux qui ont écouté ses albums de musique instrumentale savaient à quoi s’attendre musicalement, mais certains ont pu être surpris de constater à quel point la musicienne avait de la jasette entre les morceaux! Entre chaque pièce se trouvait un petit monologue, sur Maria, sa ville natale en Gaspésie, le quotidien là-bas, ses souvenirs de jeunesse ou encore les «chroniques de Maria», tirées d’un carnet où sa défunte grand-mère écrivait ses réflexions du moment. La légèreté de la plupart de ses interventions tranchait avec le côté souvent introspectif de ses compositions, mais on a beaucoup apprécié les 2 ambiances très différentes qu’elle proposait au public.

Ça paraît que le spectacle était rodé au quart de tour et qu’il a été joué à plusieurs reprises déjà : même si Viviane Audet venait de repartir avec un prix à l’ADISQ, aucune mention n’en a été faite mis à part en introduction par l’équipe de la salle de spectacle. Pendant le spectacle, les interventions étaient souvent théâtrales (tout en restant profondément humaines), nous rappelant que Viviane Audet est avant tout une actrice professionnelle qui sait gagner sa vie avec ses paroles et son langage corporel.

L’essentiel du spectacle a été consacré à l’album Le piano et le torrent, mais un segment vers la fin a fait le pont avec la tragédie de Polytechnique et Les filles montagnes, son premier album instrumental paru en 2020. C’était évidemment moins léger de parler d’un événement comme celui-ci, mais Viviane Audet a su aborder avec doigté le sujet et l’accompagner d’autres magnifiques pièces instrumentales. Elle a aussi, pendant les 80 minutes du spectacle, su bâtir un narratif autour des oiseaux. On a constaté à plusieurs reprises les mentions au «torrent», un thème récurrent à Maria, mais on n’a pas réalisé à quel point elle mentionnait souvent des oiseaux, souvent associés à des gens de son entourage et le lien ne s’est confirmé qu’à la toute fin, quand elle est retournée «en touriste» dans sa ville natale, retrouvant symboliquement les personnes qui ont fait partie de son histoire sous forme d’animaux. C’était une superbe façon de boucler la boucle.

Vous aurez deviné qu’il était impensable de la laisser partir sans un rappel! Cela lui a permis de chanter Tu peux tomber, chanson tirée de son album Les nuits avancent comme des camions blindés sur les filles (2023), une chanson qui s’approchait davantage de l’énergie du reste du spectacle. La vraie conclusion a toutefois été Ça fait rire les oiseaux de La Compagnie créole, en référence à la première chanson qu’elle raconte avoir appris au piano et, bien sûr, un clin d’œil de plus au grand thème des oiseaux qui a survolé (!) le spectacle.

La performance à Belœil clôturait sa saison de spectacles en 2025, et on se considère chanceux d’avoir pu y assister, en plus dans une formule aussi intime que la Maison Villebon! Ceux qui voudraient encore la voir semblent avoir une première chance du côté de Shawinigan le 11 janvier, mais des dates sont actuellement annoncées jusqu’en novembre prochain. Si vous voulez vivre le spectacle par vous-même, ce qui est mieux que tout compte rendu que vous pourrez lire, jetez un œil ici.


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