Rien de grave – Daria Colonna

Sorti le 14 novembre 2025

On s’est lancé dernièrement dans la découverte de l’artiste montréalaise Daria Colonna, que l’on ne connaissait pas du tout. En lisant sur elle, on a appris qu’elle avait tout d’abord une carrière littéraire, avant de faire plus récemment le saut en musique. Voilà qui rehausse instantanément nos attentes quant à la force de ses textes dans son EP Rien de grave!

Cet EP arrive à peine plus d’une année après la sortie d’un album complet, signe de l’inspiration de l’artiste. Le ton y est relativement doux, mais le propos est souvent sombre et extrêmement senti de sa part, donnant un hybride entre la pop au sens large et la chanson française. L’ambiance est vite donnée dans L’école des monstres, mêlant habilement les textures musicales enlevantes et les textes forts de la poète. Daria Colonna chante beaucoup à la française ici, mais elle se défend assez bien dans ce registre et se l’approprie fort bien.

Le niveau d’efficacité n’est toutefois pas égal tout au long du mini-album : Ce qui tombe nous laisse beaucoup plus tiède, principalement parce que les mélodies peinent à véritablement sortir du lot. La ligne «Et un peu de vitriol» nous fait aussi rire malgré nous à cause des paroles qui se retrouvent aussi dans la fameuse chanson Le Pudding à l’Arsenic dans un film d’Astérix. Devenir Marianne se démarque pour sa part surtout pour la force de ses textes, qui mentionnent rapidement Leonard Cohen. Quant à Les valises, on revient en force au niveau des arrangements, avec du piano, des cordes et quelques percussions bien placées pour bien diriger la tension des propos de Colonna. C’est sans grande surprise la première chanson dévoilée de l’opus, mettant bien en valeur les différentes facettes de l’artiste.

La dernière chanson est aussi possiblement la plus brute du lot. La Cinémathèque est même une chanson autobiographique inspirée de la vie de la grand-mère de Daria Colonna, Brigitte Purkhardt, une artiste et femme libre bien avant son temps. La chanson relate avec poésie mais pas beaucoup de censure sa vie, de sa Pologne natale qu’elle a fui à sa vie adulte où elle a exploré et assumé sa sexualité. Il est choquant d’imaginer «Mamie» vivre tout ce qui est décrit dans la chanson, incluant le tournage de films pornos, dont certains qui ont été présentés à la Cinémathèque québécoise, expliquant le titre de la piste. C’est à la fois un bel hommage à une personne hors du commun et une conclusion qui frappe l’imaginaire d’un EP qui n’a pas peur d’aborder des sujets moins explorés.

Notre écoute de Rien de grave aura été une belle surprise, alors qu’on n’a pas toujours une bonne relation avec la chanson française! Le dosage est assez bon de la part de la chanteuse, qui a trouvé un assez bon équilibre pour livrer des textes forts et une musique qui donne le goût d’écouter ce qu’elle a à dire. On n’écouterait pas sa musique en boucle tous les jours, mais quand on envie de textes poétiques plus punchés, cette sortie a du bon!

À écouter : L’école des monstres, Les valises

7,6/10

Par Olivier Dénommée


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