Dogue – Ariane Roy

Sorti le 21 mars 2025

La scène québécois a été largement gâtée en 2025 par les sorties d’étoiles montantes comme Lou-Adriane Cassidy, qui a livré non pas un mais bien 2 albums complets! Mais, à quelques jours de la fin de 2025, on retourne à Dogue, opus de pop alternative enregistré par Ariane Roy, coïncidemment la meilleure amie de Cassidy, et selon un certain nombre de critiques un des albums québécois incontournables de l’année.

Le nom d’Ariane Roy est dans le paysage depuis plusieurs années déjà, mais on n’avait encore jamais trouvé le temps de critiquer sa musique. Mieux vaut tard que jamais, comme le veut l’adage. La chanson-titre Dogue se fait entendre en ouverture, avec une assez longue montée. Il faut attendre à la moitié de la piste pour qu’on se laisse entraîner, mais c’est presque trop peu trop tard pour vraiment nous convaincre! Quand même, mention au clin d’œil à Au clair de la lune dans les textes, qui fait sourire lorsqu’on s’en rend compte! Âmes sœurs est beaucoup plus mémorable, notamment à cause des arrangements en montagnes russes en alternant entre une «musique d’ascenseur» et des moments assez intenses. Les refrains sont toutefois pour nous un maillon faible de la chanson, ce qui est rarement bon signe!

Le début de Coule nous paraît extrêmement familier. Au moment d’écrire ce texte, on n’a pas encore mis le doigt sur quoi elle nous fait penser exactement, mais on jurerait d’avoir déjà entendu un couplet presque identique ailleurs. On va heureusement assez vite ailleurs mélodiquement, sur une musique assez simple, mais bien dosée. On aurait préféré que la chanson demeure accrocheuse jusqu’à la fin, mais il manque définitivement d’un peu de mordant à la dernière minute. S’ensuit la mémorable I.W.Y.B. (pour I want your body), qui se démarque surtout par son titre répété à profusion au lieu de la chanson, tranchant avec les mélodies presque mystérieuses d’Ariane Roy le reste de la piste! On aurait personnellement préféré quelque chose de plus nuancé! Nocturne propose ensuite quelque chose de beaucoup plus doux et vulnérable de la part de la chanteuse, ce qu’on apprécie beaucoup, avec en prime de très jolis arrangements.

Dès les premières secondes, on sait que Mordre n’est pas une chanson pour toutes les oreilles, et si on peut apprécier son rythme assumé, on oublie assez rapidement ses mélodies. Il s’agit aussi de la piste la plus longue de tout l’album (même si elle ne dure même pas 4 minutes), et ça paraît un peu! Elle est suivie d’une Agneau difficile à ignorer : le début est finement construit, mais on change vite de ton pour une proposition très intense, qui finit heureusement par se doser. Une fois qu’on s’y fait (ce qui n’est pas garanti si on n’est pas dans le bon état d’esprit), on peut apprécier ses différentes énergies qui servent somme toute assez bien le propos.

Tous mes hommages nous surprend encore avec des changements drastiques d’énergie, passant d’un début très percussif à un segment au clavecin (!), pour évidemment mieux revenir au gros beat par après. On est ambivalent sur la musique, mais on doit dire que les mélodies, simples mais efficaces, demeurent la force de cette chanson. Quant à Une cigarette sur le balcon, on voit certaines petites similitudes avec La fin du monde à tous les jours (de Lou-Adriane Cassidy, qui d’autre?). Cela nous mène à la finale de l’opus, Berceuse, assez douce mais sans l’être autant que Nocturne! Après un album aussi inégal entre les 2 extrêmes en termes d’énergie, ça se prend bien (et on va passer outre les dernières secondes qui auraient presque pu gâcher l’expérience!).

L’album Dogue d’Ariane Roy n’est pas ce qu’on qualifierait d’écoute facile. On oserait même dire qu’elle propose une pop encore plus corsée que le fait Lou-Adriane Cassidy, ce qui n’est pas peu dire, faisant en sorte qu’elle s’adresse selon nous à un public encore plus niché ou à des gens déjà convertis. On n’ira pas jusqu’à dire que c’est mauvais, mais on sent que les choix artistiques de Dogue rendent l’album peu accessible pour un large public. Ça plaît évidemment aux critiques, mais pour M. et Mme Tout-le-Monde…? On considère pourtant qu’on est un peu plus ouvert que la moyenne, mais même après plus de 24h d’écoute, l’album n’a pas vraiment réussi à nous séduire, mis à part quelques chansons plus solides qu’on retient.

L’album se trouve entre autres sur la page Bandcamp d’Ariane Roy.

À écouter : Nocturne, Agneau, Tous mes hommages

6,9/10

Par Olivier Dénommée


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