Au fil des feuilles qui craquent – Trio Jonathan Turgeon

Jonathan Turgeon feuillesSorti le 20 janvier 2015

Fondé en 2012, le trio de Jonathan Turgeon (piano), Hugo Blouin (contrebasse) et Jean-Philippe Godbout (batterie) a vite su se forger son propre son, avec une esthétique assez smooth jazz qui n’est pas sans rappeler les autres grands trios des dernières années. Mariant mélodie et dextérité, l’album Au fil des feuilles qui craquent montre déjà la maturité du jeune trio.

La pièce-titre Au fil des feuilles qui craquent lance le bal avec une musique douce et mélodique qui n’est pas sans invoquer une certaine nostalgie. Jusque là, on ne déroge pas du son traditionnel des formations trio. C’est dans le solo que Jonathan Turgeon arrive à se démarquer. Demeurant extrêmement mélodique, cela ne l’empêche pas de montrer son savoir-faire au piano. Les 7 minutes de la pièce paraissent finalement bien courtes!

On va ensuite dans un registre un peu plus sombre avec Prélude pour une horloge. Cette fois, c’est plutôt la contrebasse qui a ses minutes de gloire. Cela ne contraste qu’encore plus avec J’ai préféré me taire, qui vient juste après. Une pièce rapide, très bop et beaucoup plus technique, pour mieux nous ramener à la douceur de Regarde l’heure. Décidément, jusqu’ici cet album offre des montagnes russes musicales des plus agréables à entendre.

Mention à la batterie sur Nautilus, qui complimente à merveille la mélodie au piano, tout en demeurant dans la subtilité. Mention également pour le concept sur la pièce en trois segments : Précipice pt.I, pt.II et pt.III. Une première partie en solo de piano, puis en solo de contrebasse, qui mène à la pièce de résistance, Précipice pt.III. La composition semble présenter plusieurs moments de tensions pas tout à fait assumées, jusqu’à ce qu’on arrive au milieu, où on tombe dans l’expérimental. Puis on se ressaisit au dernier quart, tout en gardant quelques tensions et dissonances.

Feu follet fait ensuite une transition entre le jazz plus free de la pièce précédente et Les joues roses, qui tombe dans la ballade nostalgique. Pour la dernière pièce, Depuis des lunes, va-t-on revenir en force? Au contraire, on reste dans l’extrême douceur, ajoutant seulement une mélodie à la guitare pour clore l’album.

L’opus Au fil des feuilles qui craquent devrait plaire à un public qui veut un bon jazz instrumental, mais qui ne devient pas encombrant. Outre quelques parties de Précipice, l’album est très accessible, et surtout très bien joué. Les trois musiciens ont leur place et la symbiose semble bien présente dans ces enregistrements. Les pièce douces ne sont pas endormantes et les pièces rapides ne sacrifient que rarement la mélodie. De très bons compromis pour un premier album solide. À quand la suite?

En attendant, il est possible d’écouter l’album sur Bandcamp.

À écouter : Au fil des feuilles qui craquent, Nautilus, Les joues roses

7,9/10

Par Olivier Dénommée

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