Tribu – CherfunK

Cover_CherfunKSorti le 27 janvier 2015

Projet du claviériste François Richard et du batteur Alexis Martin, CherfunK promet au public une musique énergique, parfaite pour se déhancher. En effet, l’album Tribu, le premier du collectif, ne manque pas de grooves en tout genre et de collaborations inspirées. Chacune des 10 pistes de l’album contient un featuring vocal.

Le premier de l’opus est Monte le son avec Seba 273. Première impression? Le beat et le style de ligne vocale rappellent beaucoup Loco Locass, en moins peaufiné. La chanson est brève, moins d’une minute 30, et on sent qu’elle fait seulement figure d’introduction à ce que l’album a de mieux à offrir. Déjà, Dia de tempestad avec Boogat nous amène ailleurs. Celui qui est déjà habitué à mélanger les beats dansants aux chauds rythmes latins n’est pas sorti de son élément ici et CherfunK a ajouté une instrumentation plus polie qui s’écoute à merveille.

Trop tard pour ça, avec Alexandre Désilets et Amylie, revient au français avec une groove plus électro-pop. Très chargé vocalement, il semble qu’on ait peine à apprécier la musique qui passe au second plan. Malgré tout, joli solo de sax vers la fin de la chanson. Amylie offre aussi la ligne vocale de la chanson suivante, Possible pose. Chanson bien inspirée, mais qui n’incitait pas autant à la danse.

Le beat est de retour avec Realidade avec Tomas Jensen et Conde Artifex. Que dire, si ce n’est que c’est d’une efficacité redoutable et que le refrain est impeccable et accrocheur! Une des pièces les mieux dosées de l’opus. Um Dia (encore avec Tomas Jensen) vient juste après avec une basse presque aussi accrocheuse, le tout avec une instrumentation plus discrète. De retour au pop avec On se berce, avec Alexandre Désilets. La chanson évolue beaucoup en 3 minutes, prenant une groove plus complexe, mais aussi une instrumentation qui devient un peu trop chargée.

Nicole «Coco» Thompson chante sur Remedy, y apportant une touche plus RnB fort intéressante. Et la groove funky de la chanson n’est pas étrangère au succès de cette belle rencontre musicale. On s’adoucit beaucoup avec Ballade à la tristesse chantée par Gaële. Car même dans un album qui se veut énergique, une ballade trouve toujours sa place. En fin d’album comme ça, cela se prend finalement très bien, surtout qu’on ne tombe pas dans le quétaine ici. Le problème, c’est que Nous sommes que des cendres clôt l’album Tribu. Chantée par Sagot, on termine le tout avec une musique feutrée, et une voix qui l’est encore plus. Ainsi, les deux dernières pistes de l’album ont délaissé l’énergie qui caractérisait la plupart des 8 premières chansons. Cela laisse comme un petit vide en finissant Tribu.

Le but avoué du groupe est de donner envie de bouger. Si certaines chansons relèvent effectivement le défi, ce n’est pas toujours le cas. Le collectif semble donner trop d’espace aux chanteurs, ce qui relègue à plusieurs reprises la groove au second plan. C’est bien dommage puisqu’il y a un travail d’arrangement assez intéressant lorsqu’on y porte attention. Certaines des compositions réussiraient probablement mieux leur mandat si elle étaient demeurées instrumentales seulement… Sinon, en tant qu’album, ce premier opus de CherfunK est très bien orchestré, avec des styles éclectiques, mais avec une ligne directrice qui est bien défendue.

Le groupe ne manque pas de potentiel, pas de doute à avoir là; il devrait cependant réviser la place réservée aux chanteurs sur la musique. Les compositeurs de CherfunK seraient parfaitement capables de produire un album presque complètement instrumental qui lèverait du début à la fin et qui réussirait effectivement son pari de faire bouger ses auditeurs.

L’album est disponible pour écoute sur Bandcamp.

À écouter : Dia de tempestad, Realidade, Remedy

6,8/10

Par Olivier Dénommée


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