Repaver l’âme – Joey Robin Haché

Joey Robin Haché Repaver l'âmeSorti le 25 novembre 2014

Originaire de l’Acadie, Joey Robin Haché a lancé son premier album complet, intitulé Repaver l’âme. Son travail consiste en un folk-rock francophone où il offre une subtile poésie. Après avoir offert quelques EP dans le passé, le vrai test commence.

Cela commence avec des guitares électriques sur In Limbo. Ce premier titre n’arrive pas exactement à convaincre; la voix, plutôt douce, arrive peu après avec un peu de style «raconteur», ce qui ne convient pas avec la distorsion de la guitare qui suit sa mélodie. Il y a bien quelques portions de la chanson qui passent mieux, mais somme toute, on oubliera rapidement ce premier titre.

Au contraire, Loin des vagues se retrouve parmi les chansons les plus accrocheuses de l’opus. On commence d’ailleurs avec le refrain, terriblement facile à retenir. Au fil des couplets, on apprivoise sa voix, qui offre un registre vocal limité, mais qui ajoute à cette «intimité» que cela crée. Cela met de l’avant les paroles du chanteur.

Cette ambiance intimiste se poursuit à peu près tout le reste de l’album, notamment avec les douces Nulle part est chez moi, Nigadoo et la très efficace Calmer les loups. Cela s’entend aussi sur des titres plus rock comme Danse avec moi.

À noter que Mieux me comprendre, vers le milieu de l’album, est une des chansons qui méritent le plus attention. Elle est accrocheuse, mais aurait mieux fait d’enlever les voix aiguës, qui semblent terriblement forcées et qui sont une distraction pour l’oreille. Et on croirait du Louis-Jean Cormier (notamment L’ascenseur) dans Corail des alentours, mais aussi dans Créature. Même ton, même instrumentation minimaliste, même chaleur intime dans la voix. Huis clos surprend aussi, de par sa première note, puissante et lourde, qui détone avec le reste. Outre cet accord presque violent, le reste de la chanson, un rock lent et lourd, reste plutôt bien en tête. Cette chanson est liée à Exit, juste après, offrant une finale bien plus épique, de façon complètement instrumentale.

Attraper la lune, dernière chanson de l’opus, y va d’un folk énergique, et somme toute assez réussi, grâce à un bon build-up à travers tout au long de la chanson. Il faut aussi donner le crédit à l’harmonica qui arrive à point pour finir le tout avec force.

Bien que je ne donne qu’une importance limité aux paroles des chansons en général, le style de Joey Robin Haché ne donne pas le choix d’y porter attention : sa voix donne le sentiment que ce qu’il dit est important. Or, en écoutant sa poésie, elle est imagée, mais sans être révolutionnaire. Et certaines rimes sont du réchauffé (faire rimer «matador» et «mirador», ça a été fait des dizaines de fois…) et d’autres lignes laissent perplexe («Le ciel est brun comme du sang caillé», tel qu’entendu dans Nulle part est chez moi). L’artiste est décrit comme trash, mais est pourtant bien loin d’aller dans le registre vulgaire d’une Lisa LeBlanc par exemple.

Il semble vraisemblable que Joey Robin Haché n’ait pas fini de trouver son style. Musicalement, il offre des arrangements qui semblent extrêmement familiers. Même dans son timbre de voix, il se fait familier, avec une voix sincère qui veut nous dire quelque chose. Le problème est surtout dans le propos qu’il tient, qui ne semble pas tout à fait à la hauteur de l’espace qu’on lui donne, et dans l’épuisement rapide de l’album. S’il s’écoute très bien quelques fois, on fait vite le tour et peu de chansons de Repaver l’âme sont assez accrocheuses pour qu’on veuille vraiment les réécouter en boucle. L’artiste n’est alors pas encore tout à fait arrivé à destination, mais avec plus de raffinement, surtout dans ses textes, il arrivera à se démarquer un peu mieux des autres artistes du registre folk-rock franco, déjà saturé d’excellents représentants.

L’album est disponible en intégralité sur la page Bandcamp de l’artiste.

À écouter : Loin des vagues, Huis clos/Exit, Calmer les loups

6,8/10

Par Olivier Dénommée


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