CHRONIQUE : [Francouvertes] Finale relevée au Club Soda

Par Audrey-Anne Asselin

C’est à une grande finale des plus relevées que nous avons pu assister lundi soir. Les fameux «L», Laurence-Anne, Les Louanges et Lydia Képinski, ont en effet pris d’assaut la scène du Club Soda avec leurs personnalités éclatées, le tout dans une ambiance festive. Ils étaient précédés d’une courte prestation des porte-paroles de cette 21e édition, Rosie Valland et Philippe Brach, qui faisaient d’ailleurs partie du jury.

Comme à son habitude, l’animatrice Mellissa Larivière était tout sourire, même si son énergie semble s’être fané depuis sa première soirée d’animation en février dernier. Personnellement, je trouve toujours mieux d’entamer un événement de ce genre avec une prestation, mais l’organisation a plutôt choisi de débuter la soirée avec quelques prises de paroles, mettant le public un peu à plat. On rend un bref hommage à Andréanne Sasseville, ambassadrice SiriusXM décédée en janvier dernier, dans un magnifique montage vidéo qui avait été présenté au lancement de la programmation. On est un peu déçu de la longueur de la prestation de Rosie Valland et Philippe Brach, qui sont repartis aussitôt qu’ils sont venus, le temps de seulement trois chansons. Il aurait été plaisant de leur laisser interpréter au moins deux chansons chacun, histoire de goûter pleinement à leurs univers.

Ils ont laissé place à une Laurence-Anne en pleine possession de ses moyens. Son «prock» charme dès les premiers instants. Clairement, sa musique est marginale et authentique, il n’y en a qu’une comme elle. Plus sage à l’occasion de la finale, elle reste tout de même déconnectée des spectateurs lorsqu’elle joue. Il faudra qu’elle apprenne à être plus généreuse envers son public en lui faisait dos moins souvent, par exemple. Laurence-Anne chante avec ses tripes et montre une aise surprenante dans l’aigu, particulièrement dans Vipère, qui donne des frissons à tout coup. On attendra son premier album avec impatience, c’est certain.

On poursuit avec Les Louanges et «ses louanges» (surnom qu’il donne à ses musiciens). Vincent Roberge est définitivement plus nerveux qu’à ses passages précédents aux Francouvertes, ce qui ne l’empêche pas d’avoir cette vivacité d’esprit qui nous charme tant. La première chanson se passe bien, mais c’est lorsqu’il compare sa voix à celle de Sylvester Stallone et Steve Buschemi qu’on sous-entend qu’il est probablement malade, ce qui expliquerait ses quelques problèmes de justesse dans Encéphaline, dont il change d’ailleurs quelques passages pour éviter le registre très aigu de la mélodie. N’empêche, ces légers inconvénients n’amoindrissent en rien son talent évident et il clôt sa performance avec un Atomichaëlle impeccable en tout point.

C’est la favorite de cette année qui a eu la tâche de terminer la soirée. On s’attend à tout avec Lydia Képinski et on n’est pas trop déçus : la voix est fébrile mais soutenue et l’interprète est très engagée sur scène. Entourée de deux excellents musiciens, on entend à plusieurs reprises un manque de solidité lors des transitions entre les différents tempi et modulations. Lydia Képinski est tellement submergée dans son univers qu’elle en oublie parfois ceux qui l’accompagnent. Ce n’est heureusement pas suffisant pour éclipser la qualité de sa musique et ses textes : on se doute bien qu’elle sera la grande gagnante de cette édition, ce que le résultat final nous confirmera. Seul hic majeur : le gros malaise créé par son introduction de 360 jours où elle a abordé les relations entre majeurs et mineurs de façon très maladroite, jetant un froid glacial dans toute la salle.

Au terme de cette finale, c’est bien sûr Lydia Képinski qui se mérite la 1re place, suivie de Les Louanges et Laurence-Anne. Cette année était l’une de ces années où n’importe qui de ces trois finalistes auraient pu se mériter la première position sans trop de problème. On reconnaît le tournant différent qu’a pris les Francouvertes en s’éloignant de sa réputation de concours folk en mettant plutôt en avant-plan des artistes issus du style rock, indie, progressif et pop, et ce, tout au long de cette 21e édition. Avec un peu de chance, nous aurons droit à autant de diversité lors de la 22e édition. En attendant, on se dit à l’année prochaine!

(Photos : Jean-François LeBlanc)


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