Trios pour violon, violoncelle et harpe – Antoine Bareil, Stéphane Tétreault et Valérie Milot

Sorti le 22 septembre 2017

Tout part d’une envie de Valérie Milot de faire connaître l’œuvre d’Henriette Renié, harpiste renommée parmi ses pairs. Ajoutons à cela Schubert, Jacques Ibert et Johan Halvorsen et nous avons un fabuleux disque haut en couleur qui nous fait découvrir de magnifiques pièces issues de la musique instrumentale.

En ouverture, c’est le fabuleux Trio for Violin, Cello and Harp de Jacques Ibert qui nous charme dès les premières notes. Tout d’abord dans un premier mouvement, Allegro, qui se veut comme une présentation des trois musiciens, où chacun à tour de rôle est mis en valeur à un certain moment du morceau. L’Andante est quant à lui beaucoup plus rêveur et nous transporte dans un univers envoûtant. Les cordes prennent soudainement plus de place et nous font rêver avec des nuances marquées de crescendos savoureux. De toute beauté! Le troisième mouvement, Scherzando con moto, apporte avec lui une touche de vivacité mettant davantage la virtuosité des interprètes en avant-plan (tout en se permettant quelques douceurs au passage).

On passe ensuite au Trio for Violin, Cello and Harp d’Henriette Renié avec son premier mouvement, Allegro Risoluto. Alors que les premières mesures se veulent plus agressives et tendues, on assiste à une réelle transition tout au long du morceau, qui s’amuse à varier les ambiances et les différentes couleurs. Alors qu’en entrevue, Stéphane Tétreault mentionne à quel point la harpe est l’instrument central de ce trio, on peut tout de même clairement se laisser séduire par son jeu captivant au violoncelle, même chose pour le violoniste Antoine Bareil qui «vole la vedette» à plusieurs endroits. On peut particulièrement le remarquer dans le deuxième mouvement du trio, Scherzo : Vivace Scherzando au tout début, alors que son entrée nous donne presque l’impression d’être dans un conte de fées. Un peu plus loin, il reprend le thème principal et l’on peut ainsi apprécier toute la richesse du son.

Coup de cœur pour l’Andante, troisième mouvement de l’œuvre, où l’on peut enfin goûter au romantisme total de la compositrice Henriette Renié. Le legato est impeccable aux cordes et Valérie Milot maîtrise sa harpe dans une douceur et une précision sans égal. Le mouvement final, Finale Allegro, est tout aussi excellent alors qu’il s’amuse, entre autres, à reprendre les quelques thèmes entendus dans les extraits précédents.

Considérée comme l’une des pièces du répertoire de harpe les plus difficiles, c’est dans une détente absolue que nous est offerte la Danse des lutins, seule pièce solo de l’opus pour Valérie Milot. Malgré les innombrables changements de pédales que requiert le morceau, l’harpiste reste en parfait contrôle pour nous offrir un moment d’immense pureté avec cette musique, encore une fois, d’Henriette Renié.  S’en suit la Passacaglia in G minor de Johan Halvorsen pour violon et violoncelle (inspirée de l’œuvre pour piano du même nom par G.F. Handel). Un peu plus sévère, l’interprétation est sensible et nuancée et, vraiment, la pièce sait se démarquer.

C’est avec le grand Franz Schubert que se conclut cette magnifique aventure musicale avec Lob der Tränen. On peut distinctement reconnaître un lyrisme et un romantisme sans égal dans cette œuvre tendre et intimiste tout à fait propice à la fermeture du disque.

C’est un grand bonheur de pouvoir entendre de si belles musiques, encore plus qu’elles soient interprétées par trois musiciens québécois accomplis. Le trio formé par Antoine Bareil, Stéphane Tétreault et Valérie Milot est sublime et on espère fortement en entendre davantage dans l’avenir, si le répertoire le permet. Quel bijou!

À écouter : Trio for Violin, Cello and Harp III. Andante (Henriette Renié), Danse des lutins (Henriette Renié), Lob der Tränen (F. Schubert)

8,4/10

Par Audrey-Anne Asselin


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