Jeune travailleur – Tulipes

Sorti le 29 septembre 2017

Le projet Tulipes d’Alexis Duval n’a rien de conventionnel. L’homme à tout faire propose depuis des années une musique pop-rock francophone chargée de relents plus prog et psychédéliques, qui surprend immanquablement l’oreille non avertie. Dernier album dans sa collection, Jeune travailleur contient 10 pistes enregistrées dans son salon et dans le sous-sol de ses parents.

Le début de Gazon, très chargé et pas nécessairement listener-friendly, a de quoi inquiéter, avant de passer à quelque chose de plus pop avec quelques hooks qui finissent par faire oublier l’intro. Tout en gardant un côté lo-fi (on s’en sauve difficilement dans ce contexte d’enregistrement) auquel on s’habituera après quelques écoutes.

Sirops offre encore une espèce d’intro électronique, passant rapidement à une musique pop-rock sucrée… autant musicalement que thématiquement. Celle-ci saute vite aux oreilles pour sa mélodie très colorée, qui reste en tête même si on peut être portés à s’en moquer à la première écoute. Mon auto, juste après, assume de plus belles harmonies vocales qui rendent bien hommage à l’amour qu’éprouve Alexis Duval pour sa voiture. Heureusement, à l’inverse, commence avec une mélodie intéressante, mais qui perd un peu de son intérêt au fil de l’écoute. La dernière minute et demie aurait pu être coupée, par exemple.

Après Une bonne fête qu’on risque d’oublier rapidement, on passe à Mon téléphone était brisé, morceau complexe et un peu aride au début, mais qui offre une seconde moitié plus agréable à écouter avec quelques mélodies intéressantes. Par contre, on aurait pu se passer de Lève-tôt + Collègue désagréable. Si la première partie de la chanson est passable, la seconde est disons-le, plutôt désagréable à écouter. On apprécie davantage l’arrivée de Mon mur infini, une chanson plus douce et contenant une certaine poésie.

On va encore plus loin avec Tendu, se donnant des airs de berceuses, du moins dans les premiers instants. Malgré son titre, c’est aisément une des chansons les plus reposantes de tout l’album, avec l’exception des dernières secondes. Puis on conclut l’album avec Les temps prospères, une chanson longue (plus de 6 minutes) aux ambiances variables. À l’image de l’album, certaines portions sont très réussies, d’autres beaucoup moins.

L’album Jeune travailleur est le genre d’albums qui ne s’écoute pas en trame de fond. Il faut être disposés à chercher à découvrir et apprivoiser les détails de la nouvelle proposition de Tulipes. À peu près tout a été fait par Alexis Duval seul, du moindre instrument aux images de la pochette, et c’est tout un exercice de style qu’il tente ici. Cela pourra probablement plaire un peu plus à d’autres musiciens et à ceux qui ont envie de bousculer leurs conventions, plutôt qu’à ceux qui veulent apprécier un album tranquillement, chose qui s’annonce difficile avec celui-ci.

L’album peut être écouté sur la page Bandcamp de l’artiste.

À écouter : Mon auto, Mon mur infini, Tendu

6,7/10

Par Olivier Dénommée


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