OFF Jazz 18 – Compilation

Chaque année depuis un moment, l’OFF Festival de jazz de Montréal (généralement abrégé à OFF Jazz) donne accès aux journalistes à une compilation de la plupart des artistes invités de la prochaine édition du festival. Pour sa 18e année, 18 pistes y sont proposées, donnant un très bon avant-goût de ce qui attend les amateurs du 5 au 14 octobre 2017.

Bon, même si la compil ne sera pas distribuée au grand public, elle permet de donner une idée de la tangente de la prochain édition, et de cibler quelques artistes à surveiller de près. Abordons donc son contenu dans cet esprit.

Intro toute en tradition qu’est la pièce Monélia du Benjamin Deschamps Quintet. Le jeune saxophoniste et ses musiciens instaurent bien le rythme avant de se lancer dans des envolées improvisées. S’ensuit Past Ich, jeu de mots comme seul François Bourassa (en quatuor ici) peut les faire! Cela marque son grand retour en tête d’affiche, et il faut admettre que ce premier extrait, plutôt court mais très intéressant mélodiquement, donne grandement envie d’entendre la suite de ce qu’il a à offrir. D’autant plus qu’il profitera de l’OFF Jazz pour lancer son nouvel album, ce qui s’annonce déjà un moment fort de l’édition. La piste est suivie de Accretion d’Ethan Ardelli, artiste qui jouera le même soir pour présenter du matériel qui s’annonce légèrement plus corsé.

L’écoute se poursuit avec le confortable son du big band de Joe Sullivan sur The Grackle, qui offre néanmoins une belle dose de virtuosité à ses musiciens à travers ses 8 minutes. Puis, Erik Hove propose un Morse Code plus osé, mêlant du jazz moderne à des expérimentations contemporaines et à de l’électroacoustique. La pièce est extrêmement répétitive tout en proposant un build-up franchement tendu qui ne laisse pas indifférent. Quoiqu’un peu aride sur le coup, ça éveille la curiosité pour la suite des choses!

Cela tranche avec Still Hear d’Artie Roth, très chantante, surtout pour une pièce instrumentale. Commentaire similaire pour la jolie Prodigal Son de Joshua Rager, tirée de l’album à paraître Jondo, où on a la prétention de faire «chanter» les musiciens qui rendront hommage, de façon instrumentale, à la chanson traditionnelle espagnole. Ça promet! Quartet Blues de Jason Stillman laisse, quant à elle, entendre un bel hybride entre le post-bop et le jazz moderne qui a tant la cote ces jours-ci, alors que Mario Allard Quintet propose un Snowden rythmé et fort bien inspiré. S’ensuit la très invitante You’re a Good Dog de Kite Trio, puis l’efficace DCFCA du Daniel Arthur Trio.

Cette série d’excellentes pistes laisse ensuite place à Soupe au lait du Pierre Labbé Sextet. On y a droit à de belles montagnes russes, commençant avec des influences contemporaines, avant de passer au rock lourd puis au jazz vertigineux. Le mix est étrangement efficace malgré quelques réserves initiales. Par contre, à ce point-ci de la compilation, on sent que Bye Bye Bjella de MNSF manque un peu de mordant et passera possiblement inaperçue, malgré son concept intéressant d’offrir un jazz sans instrument polyphonique. La mystérieuse Bim Huis de Burton Greene se fera davantage remarquer, annonçant un spectacle tout sauf conventionnel.

Une des plus belle surprises de la compilation : Géranium de Luce Bélanger, cette pianiste-chanteuse qui propose donc une pièce vocale très envoûtante. Cela a de quoi faire paraître bien pale la suivante, Synecdoche de Sam Kirmayer, un hard-bop pourtant très bien exécuté.

On garde les étranges pour la fin : Kyle Hutchins et son Binnewater, puis Les Malcommodes avec Bley On. Il est vrai qu’on se demandait si l’OFF Jazz s’était adouci cette année avec aussi peu de musique atonale ou caressant le free jazz!

La compilation donne un excellent aperçu de la nouvelle programmation, et devrait donner à plusieurs le goût de se déplacer pour voir et entendre des artistes qu’ils connaissent moins. Il semble aussi nous assurer que les 18 ans de l’OFF Jazz seront un franc succès si tous les artistes se défendent aussi bien sur scène qu’en studio.

À écouter : Past Ich, Prodigal Son, Géranium

Par Olivier Dénommée


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