If I Had the Strength – Lemon Bucket Orkestra

Sorti le 3 novembre 2017

Aisément un des groupes torontois les plus originaux, le Lemon Bucket Orkestra verse depuis longtemps dans un «balkan-gypsy-klezmer-party-punk» efficace dont lui seul a le secret. Après deux albums réussis, dont Moorka en 2015, le collectif lance If I Had the Strength, un album pourtant beaucoup moins réjouissant, ce qui s’expliquerait par les conflits dans l’est de l’Ukraine ces dernières années, que certains membres ont vécu de proche.

L’intro de l’album, The Game, prend des airs d’un jazz smokey. On nous prend finalement par surprise lorsque Crooked nous pète dans les oreilles sans crier gare. Là on reconnaît le LBO et son énergie drôlement contagieuse. Cette chanson a quelque chose de chaotique, avec la petite flûte hyperactive qui mériterait une médaille ici.

L’énergie retombe un peu le temps de Fate, qui deviendra sous peu Goodbye, une chanson à la fois upbeat et discrète… du moins dans la première minute, avant que tous les instruments se réveillent pour notre grand plaisir. On commence déjà à s’y faire : Soldat fait redescendre un peu la pression avec un morceau plus funky avant de reprendre de plus belle. Cette fois, c’est le violon qui se fait chauffer dans les portions plus intenses.

On tombe dans le très sentimental avec When. Il y a quelque chose de solennel dans cette piste d’à peine plus de 2 minutes, et on aurait bien aimé qu’elle évolue en quelque chose d’aussi poignant même si le tempo augmente. On a plutôt fait appel au rappeur montréalais Boogat pour Palinka, qui change drastiquement de registre. Sans être mauvaise, on l’aurait placée ailleurs sur l’album!

Après une interlude au hand drum (Cocoon), on passe à Heroes, mettant en vedette la soprano Measha Brueggergosman. Ici, on fait l’inverse de Soldat, commençant avec vigueur pour passer à un registre plus doux ensuite. Par contre, on aurait apprécié que la chanteuse soit davantage exploitée, tant qu’à apparaître en featuring! Le tout se termine avec Peace, faisant cette fois appel au Choir Choir Choir. Une finale presque entièrement a capella toute en douceur, pourquoi pas?

Les détracteurs diront que le groupe s’est beaucoup trop adouci face à sa réputation d’être une machine à party. Il est très vrai que If I Had the Strength est loin d’être un album festif du début à la fin, alors ceux qui veulent suer et danser sans avoir à sauter des pistes, n’achetez pas cet album. Par contre, si vous vous intéressez au concept derrière l’album, qui présente en musique les hauts et les bas d’une révolution, il mérite un petit détour. Mais clairement, on n’a pas l’impression que ce troisième long jeu se transposera si bien en spectacle par la suite.

À écouter : Goodbye, When, Peace

7,4/10

Par Olivier Dénommée


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