Cell-0 – Apocalyptica

apocalyptica cell 0Sorti le 10 janvier 2020

C’est avec impatience que l’on attendait le neuvième album studio d’Apocalyptica, ce groupe originaire de Finlande qui rappelle depuis près de 25 ans que des violoncelles, ça rocke en s’il vous plaît. La dernière offrande, Shadowmaker en 2015, marquait d’ailleurs un virage très marqué : après avoir fait sa réputation comme band instrumental, Apocalyptica avait commencé dès 2001 (dans la version deluxe de Cult) à incorporer des chanteurs invités à raison de quelques pistes, jusqu’à ce qu’il recrute Franky Perez (ex-Scars on Broadway) pour la totalité des chansons de Shadowmaker. Malgré nos réserves initiales, on avait dû admettre que cette transition avait été réussie, mais voilà que le groupe nous surprend avec Cell-0, neuvième album qui fait un «retour aux sources» en misant sur une musique complètement instrumentale.

La vie est parfois surprenante : voilà des années qu’Apocalyptica mise sur des chansons avec des chanteurs parfois très populaires pour aider à faire connaître sa musique, pourtant plutôt accessible pour du métal. Avec Cell-0, on fait donc le pari qu’il est maintenant assez implanté pour ne plus avoir à faire appel à un ou des vocalistes, même si Perez semble officiellement toujours faire partie d’Apocalyptica.

On a donc affaire ici à 9 pistes, toutes instrumentales, de durées variant essentiellement entre 4 et 10 minutes. La première, Ashes of the Modern World, est très technique et mise sur différentes énergies à travers ses 6min30, mais on ne sent pas ici le Apocalyptica plus émotif que l’on a déjà connu et beaucoup apprécié. Toutefois, on croit entendre des petites références aux vieux albums du groupe (remontant possiblement jusqu’à Cult), ce qui n’est pas désagréable du tout. Quant à la pièce-titre Cell-0, elle s’amuse entre une intro plus lugubre et une musique plutôt agressive. C’est somme toute réussi, mais notre bémol est la longueur de la piste, frôlant les 10 minutes, une durée qu’Apocalyptica n’a jamais été habitué d’atteindre.

Après un début mitigé, Rise vise davantage dans le mille : on retrouve ici le Apo lyrique qu’on a beaucoup aimé par le passé (on a beau jouer du métal, il serait un terrible gâchis de négliger la beauté du son de violoncelle) et qui nous berce dans la première moitié de la piste. Évidemment, la batterie se met ensuite de la partie et tout explose dans les derniers instants. Très réussi! En Route to Mayhem offre également de belles lignes mélodiques au début, mais les délaisse vite pour varger en bonne et due forme dans la majeure partie de la pièce. Ce n’est pas inintéressant, mais ce n’est pas ce qui met le plus en valeur les qualités du violoncelle.

Après une En Route to Mayhem particulièrement intense, Call My Name y va d’un morceau plus doux et lent et Fire & Ice en profite pour introduire des sons d’instruments surprenants. Mais dans les deux cas, il semble encore manquer des ingrédients pour être aussi efficace que ce à quoi Apocalyptica a habitué ses fans. Il faut attendre à Scream for the Silent pour trouver un bon équilibre entre mélodies réussies et bonne intensité, qui atteint son sommet vers 3 minutes, et Catharsis, qui est à donner des frissons autant pour la beauté des mélodies que pour la solidité des arrangements lorsque le morceau gagne en intensité (particulièrement à partir de 2min22).

Après ces deux excellents morceaux, on s’attend à finir avec force avec Beyond the Stars. On a droit ici à un morceau lourd avec plusieurs bons éléments, mais un tantinet long (près de 7 minutes)… mais le principal bémol est l’ajout de paroles faisant référence à des titres de l’album. Peu audibles, elles ne semblent pas ajouter beaucoup en cette fin d’album.

Beaucoup de mots ont été utilisés pour décrire l’album Cell-0, mais ça pourrait se résumer ainsi : dès la première écoute de l’opus, on a senti que cette sortie, sauf exceptions, s’adressait moins à nos tripes que ce à quoi on pouvait espérer. La technique y est toujours, même plus que jamais, et l’efficacité est toujours au rendez-vous, mais il manque dans plusieurs cas une petite magie pour rendre les compositions plus mémorables. Sans être un mauvais album, loin de là, il faut dire que Cell-0 a quelque chose d’un peu inégal, ce qui est bien dommage.

À écouter : Rise, Scream for the Silent, Catharsis

7,3/10

Par Olivier Dénommée


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