Sorti le 26 août 2020

Artiste de Toronto, la chanteuse GRAE se fait connaître depuis quelques années pour sa musique alt-pop et sa voix nonchalante. Après un premier EP paru en 2019, elle remet ça en 2020 avec Permanent Maniac, un second EP de 6 pistes.

Vocalement, on se retrouve dans un registre qui nous rappelle la douceur de Clairo, que l’on a découverte l’année précédente, signe que la mode devient de plus en plus aux voix douces, presque «endormies». Mais on ne s’en plaint pas puisque le résultat n’en est pas moins réussi, misant davantage sur le mood général que sur une mélodie forte.

D’ailleurs, le EP démarre avec la chanson-titre Permanent Maniac, qui est de loin la plus énergique du lot, du moins musicalement. La voix de GRAE demeure très nonchalante, mais elle nous offre quand même un petit refrain sympathique. Et la chanson est encore meilleure lorsqu’on connaît son histoire : la chanson est adressée à Robert Smith de The Cure, artiste sur lequel la chanteuse fait vraisemblablement une fixation. Ce n’est pas dit clairement ici, mais quelques références peuvent être entendues ici et là (et The Cure est aussi mentionné plus loin sur l’opus). Bref, c’est une entrée en matière réussie et ça promet pour la suite!

On s’adoucit rapidement à 2725, offrant une énergie qui colle mieux à celle de GRAE. Et pas le choix d’admettre qu’avec son petit beat discret et bien dosé, il s’agit probablement de la meilleure piste de cet EP, si bien qu’on pourrait l’écouter en boucle sans se tanner.

Par la suite, on cherche à trouver un équilibre entre les deux ambiances, donnant Ex Lovers avec ses couplets plus minimalistes menant à un refrain chargé et énergique. Le tout sans toucher au ton volontairement monotone de la chanteuse! C’est aussi plutôt réussi! Mais c’est par la suite que c’est moins réussi, avec Bang Bang qui manque d’éléments accrocheurs et qui ose même ralentir son refrain. Slow Down rattrape la balle avec une ligne vocale plus assumée de la part de GRAE et une montée musicale plus costaude, notamment au refrain, mais ce n’est quand même pas aussi solide à notre goût que la première moitié de l’opus. Quant à la finale, Taxi, on mise sur une formule essentiellement piano-voix qui ne manque pas de bonnes idées, mais qui n’exploite jamais complètement son potentiel. La pièce se termine tout doucement pour finalement mieux exploser dès le début de Permanent Maniac lorsqu’on l’écoute en boucle!

Cet EP de 18 minutes nous laisse des sentiments mitigés car si les trois premières de l’opus sont solides, la seconde moitié n’est pas au même niveau. Le déséquilibre paraît même pire à cause de l’ordre des pièces. GRAE fait quand même preuve d’un beau potentiel ici, qui ne demande qu’à être exploité adéquatement. Disons qu’elle est quand même sur la bonne voie et qu’on a bien hâte d’entendre la Torontoise lorsque sa direction aura été davantage précisée.

Cette musique peut notamment être écouté sur la page Bandcamp de l’artiste.

À écouter : Permanent Maniac, 2725

7,4/10

Par Olivier Dénommée